Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Congrès de la SASM à Abidjan. Volet 1 : l’atelier Psy Cause et la cérémonie d’ouverture

C’est dans le quartier Palmeraie de la commune de Cocody (dans la communauté urbaine d’Abidjan de 4 700 000 habitants, la seconde de l’Afrique de l’Ouest après Lagos), à l’hôtel BelleCôte, que se déroule, du 6 au 9 mars 2017, le 2ème congrès de la Société Africaine de Santé Mentale (SASM) qui rassemble des délégations de 19 pays. Le choix de ce complexe hôtelier, situé dans une vaste commune qui abrite également l’Université Houphouët-Boigny, n’est pas le projet initial. Le congrès devait se tenir dans la capitale administrative de la Côte d’Ivoire, Yamoussoukro. La situation sociale du pays a imposé une relocalisation à Abidjan.

 

Le thème du congrès est « Femmes, développement et psychopathologie en Afrique », thème d’autant plus opportun que le 8 mars est la journée mondiale de la femme. Cette manifestation est organisée par la SASM en partenariat avec la Société de Psychiatrie de Côte d’Ivoire (SPCI), les UFR Sciences Médicales et Sciences de l’Homme et de la Société, de l’Université Houphouët-Boigny de Cocody-Abidjan.

 

Le Président du comité d’organisation du congrès, le Pr Drissa Koné (Abidjan), par ailleurs membre du conseil d’administration de Psy Cause International, a tenu à mettre en évidence le partenariat de Psy Cause avec la SASM voté à Ouagadougou en février 2014 lors du premier congrès de cette dernière. Ce partenariat est matérialisé par un atelier Psy Cause qui se déroule pendant une heure sur le lieu du congrès juste avant la cérémonie d’ouverture.

 

 

 

 

L’atelier Psy Cause

 

Cet atelier accordé à Psy Cause par la SASM et la SPCI se déroule, en début d’après midi du 6 mars, en avant première du congrès dans une salle comble où il a été nécessaire de rajouter des chaises. Nous avons noté la présence d’un public représentatif de notre réseau international africain dont de nombreux auteurs qui, au fil des années, ont publié dans la revue Psy Cause. Après une rapide introduction par le responsable ivoirien de la revue, le Dr Jean Paul Bossuat présente, à l’aide d’un diaporama illustré de nombreuses photos, l’historique et l’identité de notre revue/association. Nous en restituons ci dessous le contenu textuel :

 

« Psy Cause : francophonie, psychiatrie et santé mentale

 

Quelques repères historiques :

 

1995 : fondation au Centre Hospitalier de Montfavet (Avignon). De 1995 à 2009, la revue Psy Cause est essentiellement un outil d’échanges entre divers établissements psychiatriques, principalement du sud de la France. Sont publiés sur une base pluridisciplinaire, les professionnels des équipes de psychiatrie.

 

2003 à 2008 : vers une vocation francophone. Des relations suivies avec l’Egypte (2003 à 2007) et l’organisation d’un congrès à Parakou (Bénin) en 2008 traduisent un intérêt croissant pour l’international. Une part significative de la revue est consacrée à la publication d’articles étrangers, principalement africains.

 

2010 : agrément CAMES. Le Pr Mathieu Tognidé obtient la reconnaissance, par le CAMES, de Psy Cause en tant que revue de psychiatrie. À compter du second semestre 2010, Psy Cause devient une revue francophone internationale. Un comité de rédaction francophone se met en place.

 

2012 : changement des statuts de l’association. Afin d’ouvrir l’association gérante de la revue sur le monde, une organisation décentralisée se met en place. La structure Psy Cause International s’articule avec des sections nationales représentées au Conseil d’Administration.

 

2014 à Ouagadougou : partenariat avec la SASM. Voté en AG de la Société Africaine de Santé Mentale lors du congrès de cette société, ce partenariat met en lumière un élargissement de l’agrément au champ de la santé mentale.

 

Septembre 2016 au siège de l’OIF : adhésion au RAPF. Psy Cause est admis au sein du Réseau des Associations Professionnelles Francophones qui est interne à l’OIF.

 

Novembre 2016 à Cotonou : début de la mise en place du Comité universitaire francophone de lecture. Lors du congrès béninois de santé mentale, nous décidons avec les membres africains de notre réseau, de mettre en place ce comité qui va renforcer notre reconnaissance internationale.

 

Le fonctionnement de l’ensemble associatif Psy Cause depuis 2012 :

 

Psy Cause International. Avec son Conseil d’Administration international, son bureau et ses chargés de mission, cette instance coordonne les actions francophones en international, et gère la revue Psy Cause.

 

Les sections nationales. Elles animent des initiatives scientifiques sur le terrain et organisent localement le travail rédactionnel de la revue. Leur statut est adapté au contexte local : statut associatif autonome sous contrat avec Psy Cause International, ou subdivision décentralisée de l’association Psy Cause International.

En février 2017, ces sections qui traduisent l’existence d’un réseau organisé sont par date de création :

Psy Cause France (2012)

Psy Cause Côte d’Ivoire (2012)

Psy Cause Cameroun (2012)

Psy Cause Togo (2015)

Psy Cause Canada (2015)

Psy Cause Sénégal (2016)

 

La revue internationale francophone Psy Cause :

 

La direction. Elle est assurée par ses deux fondateurs en 1995 : le Dr Jean Paul Bossuat (directeur) et le Dr Thierry Lavergne (directeur adjoint).

 

Le Comité universitaire francophone de lecture. Composé exclusivement d’universitaires, il est en cours de constitution.

 

L’équipe rédactionnelle francophone. Elle témoigne de notre réseau présent dans presque trente pays.

 

L’envoi des articles. Ils sont envoyés à l’adresse de Psy Cause psycause.info@gmail.com en word. Via les sections nationales lorsqu’elles sont en place. L’article doit comprendre la photo de l’auteur, le résumé en français et en anglais, les mots clés en français et en anglais. Des illustrations sont souhaitées.

 

La fabrication des numéros. La revue est imprimée à Avignon.

 

Calendrier et statistique des parutions d’articles dans la revue Psy Cause, d’auteurs de la Zone CAMES (Afrique Subsaharienne francophone) depuis l’année 2010

 

(Ce calendrier a fait l’objet d’un document diffusé aux congressistes présents à l’atelier, qui donne une recension de tous les articles publiés, présentés par année. Le diaporama reprend l’analyse des résultats statistiques.)

 

Résultats statistiques

 

Nombre d’articles africains subsahariens par année (total depuis 2010 : 69)

2010 : 5     (total des articles de tous pays publiés dans Psy Cause : 21) = 24% pour la zone CAMES

2011 : 5     (sur un total de 9) = 56% pour la zone CAMES

2012 : 5     (sur un total de 15) = 33% pour la zone CAMES

2013 : 7     (sur un total de 26) = 27% pour la zone CAMES

2014 : 14   (sur un total de 25) = 56% pour la zone CAMES

2015 : 23   (sur un total de 36) = 64% pour la zone CAMES

2016 : 9 (résultat partiel, manque un numéro en cours de fabrication) (sur un total de 21) = 43%

 

Nombre d’articles par pays :

Bénin : 12

Burkina Faso : 2

Cameroun : 3

Centrafrique : 1

RD Congo : 1

Côte d’Ivoire : 25

Guinée : 2

Niger : 2

Sénégal : 15

Togo : 5

 

Analyse des résultats : La reconversion de Psy Cause en revue internationale francophone a été lancée à l’initiative du Pr Mathieu Tognidé (Bénin) dans la seconde partie de l’année 2010. Le congrès de Ouagadougou en févier 2014 qui a établi le partenariat avec la SASM a renforcé une dynamique africaine qui est alors pleinement opérationnelle. Il convient de noter le rôle moteur de la Côte d’Ivoire qui a pris le relai de celui du Bénin à partir du second semestre 2012. Et l’impact du numéro Spécial Sénégal.

Dix pays de la zone CAMES ont produit des articles depuis 2010. Un trio de tête se détache nettement : la Côte d’Ivoire (25), le Sénégal (15) et le Bénin (12). Le Togo, venu plus tardivement, est en quatrième position (5). Le pays qui a le plus récemment publié est la Centrafrique. »

 

La discussion avec la salle permet d’approfondir un certain nombre de points. La transmission des articles se fait directement à l’adresse mentionnée de Psy Cause dans le diaporama mais doit transiter par le responsable local lorsqu’une section nationale, qui traduit l’existence d’un réseau organisé, est en place. La revue en couleurs favorise l’interaction entre le texte et des illustrations photographiques. Les auteurs sont donc sollicités pour en fournir, en ayant présent à l’esprit que l’imprimerie a d’autres exigences que Facebook et que la définition des photos doit être suffisante (1 Mo et plus).

 

Nous revenons sur le fait que la revue Psy Cause qui a consacré depuis la mise en place de son fonctionnement francophone (en 2010), par année de 24% à 64% des articles publiés à l’Afrique Subsaharienne, est, au delà de l’importance de son ancrage africain, avant tout une revue internationale à la disposition de la Francophonie sur tous les continents. Ainsi le diaporama a présenté les pages de couverture d’un numéro consacré à des publications franco-ontariennes et d’un numéro consacré à des articles japonais rédigés en langue française.

 

Nous évoquons également la coexistence de numéros thématiques géographiques (qui peuvent être subventionnés par le pays concerné) et de numéros ouverts à tous les auteurs d’articles de qualité.

 

La discussion porte ensuite sur la question du numérique et du support papier, une question de fond qui concerne aujourd’hui l’ensemble de la presse. À côté de la possibilité d’abonnement au seul PDF du numéro, de la mise en ligne sur notre site de numéros de Psy Cause avec un délai de carence d’une année pour justifier l’intérêt de procéder à l’acte de s’abonner qui est indispensable à notre équilibre financier, nous avons fait le choix (coûteux) de maintenir une publication papier. Le Dr Jean Paul Bossuat évoque alors l’éditorial du N°73 à paraître vers la fin avril, qui traite de cette question, se référant aux passages ci après :

 

« De l’accès à une banque de données via son écran d’ordinateur ou de Smartphone à la propriété personnelle d’un ouvrage imprimé, il y a un saut qualitatif dont notre monde n’a pas encore pris la mesure. Imprimer un journal pour diffuser de l’information sera, dans un avenir proche, du seul registre du numérique. L’impression du résultat d’une recherche apporte un plus à son auteur lorsqu’il se présente à un concours, pouvant argumenter d’un support matériel. Mais c’est un phénomène de culture car rien ne dit que dans le moyen terme, la matérialité demeure un argument significatif. En fait, l’impression établit une relation personnelle avec l’objet qui accompagne notre propre existence matérielle faite de chair, que l’on range, que l’on retrouve, que l’on déménage, qui doit avoir au regard mais aussi au toucher une dimension esthétique.

 

L’histoire des rapports de l’homme à l’écriture nous en donne des exemples. L’un d’entre eux est celui des Textes des Pyramides. Des siècles durant, les prêtres funéraires pratiquaient, à la mort du pharaon, la récitation dans la pyramide de textes religieux et magiques censés assurer la survie du défunt et la poursuite, dans un autre contexte, de sa mission dans le fonctionnement du cosmos. Ces textes étaient lus à partir des livres de l’époque qui avaient la matérialité technique de rouleaux de papyrus. Vers l’an 2350 avant notre ère, les prêtres procédèrent à une révolution conceptuelle en gravant ces textes à l’aide de beaux hiéroglyphes sur les surfaces en pierre du dispositif architectural abritant le sarcophage, c’est à dire le corps matériel du défunt. Dans l’esprit des prêtres, avant que le tombeau ne soit clos pour l’éternité, la matérialité des textes renforçait considérablement l’efficacité magique recherchée. Ce travail n’était évidemment pas destiné aux futurs égyptologues mais à un colloque singulier avec le propriétaire de la tombe.

 

Nous avons fait le choix de conserver une publication papier, en y ajoutant une dimension esthétique nouvelle. Les articles sont illustrés en couleur et nous remercions les auteurs qui acceptent de jouer le jeu par l’envoi de photographies de qualité. L’impression est soignée de même que la qualité du papier. Cela a évidemment un coût que n’aurait plus la dématérialisation : la réponse est avant tout entre les mains de nos lecteurs, et de nos auteurs, qui posent l’acte de s’abonner. »

 

Un autre point important abordé dans la discussion est celui du référencement. Globalement validante sur le continent africain, ailleurs par exemple dans certains pays d’Extrême Orient ou en Ontario, en France pour le concours de psychiatre des hôpitaux, elle gagnera à faire son entrée dans le Medline. La mise en place du comité universitaire francophone de lecture s’intègre dans ce projet, et l’université de Dakar, avec les Prs Sylla et Thiam, accepte d’apporter sa contribution. Au total, cet atelier Psy Cause a permis de précieux échanges avec de nombreux professionnels africains et nous remercions le Pr Drissa Koné d’avoir eu cette initiative qui institutionnalise le rôle de Psy Cause en Afrique.

 

La cérémonie d’ouverture

 

Elle est animée par le son des tambours, et la présence de chefs traditionnels qui procèdent à une libation bénéfique pour la réussite du colloque. Participent à la cérémonie : le maire de Cocody, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, la ministre de la santé et de l’hygiène, la Grande Chancelière de la République de la Côte d’Ivoire. Cette cérémonie majestueuse et haute en couleurs, où la modernité s’est heureusement mariée avec la tradition, a su nous introduire dans toutes les déclinaisons de l’univers francophone africain. Un moment poignant a été le témoignage émouvant d’une femme victime de violences.

 

Le Pr Drissa Koné, Président du comité d’organisation du congrès et Président de la SCPI, ouvre cette cérémonie en prononçant le premier mot de bienvenue. Il introduit ainsi le thème : « En réunissant plus de deux cent chercheurs et étudiants d’origine différente, du Maghreb à l’Afrique Subsaharienne, en passant par l’Europe, l’Amérique et le Canada, avec des pratiques diverses autour de ce qui nous lie à la nuit de nos origines : « Koulotiélo », « la vieille mère de l’univers », le congrès d’Abidjan gardait la secrète certitude de voir chaque discipline apporter sa réponse, selon sa sensibilité, à la question posée. En effet, pour les Diéli de Korhogo, fraction apparentée au groupe des Senoufos, la femme n’est jamais loin des mythes de la création de l’univers. »

 

Le Pr Arouna Ouédraogo, Président de la SASM, Chef du département de psychiatrie de l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso), prononce à son tour son mot de bienvenue. Il rappelle que la SASM, « née en 2012 à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso, de la volonté des professionnels de se rapprocher dans le cadre de la francophonie médicale, se veut une association faîtière des associations nationales de psychiatrie ou de santé mentale en Afrique francophone. » Dans son évocation des associations partenaires qui ont fait le déplacement, il cite Psy Cause et le Dr Jean Paul Bossuat, « un ami de l’Afrique. »

 

Il précise : « l’organisation d’une manifestation scientifique à caractère international comme celle qui nous réunit à Abidjan, est incontestablement un moyen d’action privilégié pour la SASM de réaliser un de ses objectifs fondamentaux qu’est la promotion d’une politique de formation, de recherche sur des sujets d’intérêt commun dans le domaine de la Psychiatrie en particulier et dans celui de la Santé mentale en général. »

 

Jean Paul Bossuat

 

 

 

 

 

 

 

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous