Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

De la redisposition spatiale post-moderne, territoire des évolutions conceptuelles du psychisme à venir

carréLa terre et les étoiles
D. BOURGEOIS

Colloque de Psy-Cause à Pribor- Mai 2011

Ce texte est issu d’une communication faite au colloque de PsyCause à Pribor ” La pomme de Sigmund Freud”. Pribor, ex Freiberg, est la ville de naissance de S. Freud.

Freud que nous célébrons un peu ici a esquissé en son temps les bases d’une métapsychologie qui nourrit notre conceptualisation du fonctionnement psychique humain. Les modèles d’instances qu’il a fait émerger (1ere et 2° topique) fondent des territoires mentaux dont le jeu, la porosité des frontières et la potentialité scissionnelle (création d’une 4° instance, le réservoir narcissique comme réserve d’un carburant et d’un comburant de l’élan vital) enrichissent notre vision du monde.

L’écrivain Houellebecq a écrit La carte et le territoire (Flammarion 2010), il a même reçu le Goncourt pour ça cette année et Kafka, nous l’avons vu à Prague, à suscité cette colonie pénitentiaire (écrite en octobre 1914…Peu après août 14 donc…), métastase carcérale de nos fantasmes les plus crus. Notre vision du monde qui nous entoure influe sur notre être-au monde, sur notre idée du monde. Du schéma corporel au schéma du monde.

De la cartographie à la géo-histoire (histoire de la géographie, ce qui inclue deux dimensions, l’espace et le temps) à la topographie puis à la topologie, notre monde, pour faire système, doit être structuré. Les mathématiques ont dégagé trois structures-mères :

Les structures algébriques : le groupe et ses dérivés fondant l’espace vectoriel (à deux dimensions).

Les structures d’ordre (définissant les relations, donc les classifications) : Le réseau est une structure d’ordre.

Les structures topologiques, fondées sur la notion de voisinage, à prendre comme un artifice d’intelligibilité : continuité, discontinuité. LACAN a usé des structures topologiques pour étayer sa théorisation psychanalytique.

Freud, lui, a produit une théorisation de l’inconscient adaptée à son propre monde, à son système de valeur, la Vienne impériale, post-romantique où il vivait au début du XX° siècle, puis l’Allemagne des nazis, dévoreuse de territoires (Sudètes, Bohème et Moravie) et d’hommes, instauratrice des camps, ces lieux clos, déstructurante, déconstruisant tout sur son passage, l’Angleterre enfin comme île, refuge, sanctuaire où il laissa descendance.

Peut-on parler de territoire mental ? Exemple. Le contenu d’un livre est un peu l’expression du “territoire” mental de son auteur. Plus le livre est lu et compris, plus ce territoire est étendu. En ce sens, on peut dire que Freud a colonisé les esprits.

Nous allons ici esquisser une approche de la formidable redistribution structurelle en cours du territoire, lieu de l’humanité, laissant présager d’autres visions du monde. En un mot, de quel monde sommes-nous aujourd’hui ? Où se situe le décalage qui engendre le « malaise dans la civilisation » Et comment nous fait-il vivre notre humanité ?

Le monde actuel, celui que nous connaissons en tant qu’Atlas géopolitique, est issu de la construction progressive des états au fils des siècles depuis le moyen-âge. Peu à peu émergea principalement en Europe puis se diffusa sur tous les continents la notion d’état-Nation et ses avatars négatifs (les guerres territoriales, la colonisation, les fluctuations du puzzle des états et des peuples) et positifs: l’idée de solidarité et de cohésion sociale à l’intérieur d’une nation qui suscita bien des progrès sociaux.

Cette construction géo-spatiale est restée inachevée à ce jour Elle reste un processus. Elle a signifié rupture avec d’autres systèmes de valeur qui perdurent du nomadisme des premiers chasseurs-cueilleurs (avant l’invention de l’agriculture) aux nomades actuels, grands exclus par définition: Roms, sdf, patients hors-secteur….

On aurait pu penser que l’émergence de la Société Des Nations puis de l’ONU après la seconde guerre mondiale permettrait le parachèvement de l’œuvre, c’est à dire l’établissement d’une carte du monde aux contours reconnus, consensuels et stables, premier pas vers une pacification relative de la terre et l’utopie d’un gouvernement mondial vertueux puisqu’une partie des guerres est un processus de conquête territoriale. Il n’en n’est rien.

La notion de cartographie génère des paradoxes interrogeant : Lors de la visite d’accréditation de la HAS (V10) dans mon établissement, l’hôpital a été en défaut : défaut de « cartographie des risques imprévisibles »… Ce pourrait être une nouvelle définition de la souffrance psychotique.

Gouvernement mondial vertueux, sociétés stables et finies (comme contraire d’infinies), le communisme comme stade ultime de l’organisation du monde selon l’utopie marxiste puis la fin de l’histoire en 1989 (F. Fukuyama -Le concept de fin de l’histoire avait d’abord été élaboré par Hegel, repris plus tard par plusieurs philosophes, dont Alexandre Kojève mais critiqué par Karl Marx pour qui l’humanité n’était pas encore sortie de sa préhistoire. Pour Fukuyama, lors de l’effondrement du bloc communiste -1989- l’histoire devait vite s’achever par consensus universel sur la démocratie libérale mettant un point final aux conflits idéologiques.) Et de manière gigogne et concentrique, fractale pourrait-on dire maintenant avec Benoit Mandelbrot, mathématicien français mort à l’automne 2010, on pouvait concevoir un monde intérieur individuel apaisé à la fin de la psychanalyse…La sagesse individuelle, intrapsychique, comme métaphore à échelle 1/1000000° de l’apaisement de l’histoire. La mort quoi !! Le cimetière comme métaphore du monde mineralisé.

Nous vivons la fin des territoires que nous avons connus. Les guerres territoriales, ethniques et post-coloniales continuent à ravager certaines zones mais deviennent des archaïsmes, ce qui ne veut pas dire que des solutions soient faciles à trouver.

=Les derniers soubresauts du processus de mise en place des états nationaux en Europe furent l’éclatement de l’ex-URSS et la tragédie yougoslave à travers le morcellement convulsif d’entités récentes au regard de l’histoire en de multiples états rivaux au sens propre Tchéquie/Slovaquie. Quelques fragmentations et recompositions restent à prévoir mais cela est désormais marginal et anecdotique.

=En Afrique surtout, et au Proche-Orient certains conflits territoriaux pourrissent la situation internationale. Dans la région des lacs et l’ex-Congo belge, dans la poudrière palestino-israélienne dans la mesure où des conflits religieux se superposent (et les enveniment) aux conflits territoriaux et économiques plus classiques. Mais la notion de confrontation civilisationnelle ou religieuse n’est au fond qu’une déclinaison ou une coloration des conflits territoriaux. Le conflit irakien et le conflit afghan restent des conflits classiques, témoins de luttes d’influences économique et politique des grands états. Dans ce qui est un véritable laboratoire géopolitique, l’évolution de la situation sur le terrain laisse entrevoir ce que pourrait devenir la territorialité du monde à venir.

-Une exception notable. Pour son guide, Mouammar Khadafi, la Lybie n’a jamais été un état. Il avait d’ailleurs en vain lancé des projets d’alliances qui ont inquiété tour à tour divers voisins et partenaires plus ou moins consentants De la fusion dysthymique comme psychose politique ; Unions Lybie-Egypte, Lybie-Tunisie, Lybie-Syrie… en parallèle, il maintenait un conglomérat tribal.

=L’Union européenne pouvait apparaître comme un avatar de la construction historique des états-nations. Cette construction est le fruit du siècle des lumières. A cette époque, une frénésie de classification (Linné) de clarification, s’est emparée des esprits. C’est Diderot qui formalisa l’Oural comme frontière Est de l’Europe. Paradoxalement, cet Encyclopédisme a mis des frontières visibles (entrainant la notion de passeport)…mettant à mal la notion d’Œkoumène (cf. œcuménisme), tout en favorisant les échanges intellectuels. Europe sans frontière interne, c’est comme ça qu’elle a été «vendue» aux peuples par ses promoteurs et c’est comme ça qu’a globalement été obtenue une adhésion populaire au projet. Certains de ses succès indéniables (libre circulation des hommes, projet Erasmus etc.) masquent ses grands échecs structurels: Impuissance devant la corruption politico-financière internationale et la dictature des marchés financiers, délocalisations forcenée des usines à l’intérieur de l’espace européen, absence d’audibilité diplomatique). Il a été voulu que l’Union européenne soit uniquement un territoire de libre circulation des capitaux. Dans l’esprit de ses concepteurs et de ceux qui la mettent en œuvre, elle n’a jamais été une Europe Sociale ce qui augure mal de l’évolution collective de ce qui reste un conglomérat. Le projet en vigueur n’est pas de construire un nouvel Etat-Nations plus vaste en dépit des artifices émis qui renvoient directement aux prérogatives les plus visibles des états souverains: monnaie unique, drapeau et hymne, passeport. L’Europe en construction n’est pas analogue à la France en construction au XIX° siècle par l’intégration progressive de territoires et de peuples (basque, bretons, provençaux, corses etc.) avec le projet d’un ensemble homogène, républicain, laïque et solidaire par ailleurs. Cette Europe ne pourra jamais être cartographiée car elle relève d’une structure topologique avec des attracteurs en tant que moments dynamiques éventuellement conflictuels que l’on ne peut qu’invoquer, comme les organisateurs de SPITZ, les fantasmes ou le complexe d’œdipe, organisateur clef de l’évolution libidinale. Les systémiciens parleraient d’une structure dissipative. (Fluctuation géante stabilisée par les échanges I. PRIGOGINE).

Cette structuration en Etats-Nations comme processus a ses limites historiques, géographiques, idéologiques et éthiques mais elle avait le mérite d’offrir une grille de lecture claire pour de nombreux problèmes. Elle dessinait l’espace des luttes. Elle se désagrège aujourd’hui à grande vitesse.

On assiste actuellement à un processus de déconstruction territoriale. Celui-ci se joue à tous les niveaux, de manière fractale et concordante.

-A l’intérieur de la cité. Le phénomène de ghettoïsation excluait autrefois les plus pauvres (banlieues au sens étymologique), il concerne maintenant aussi les riches. Zones abandonnées, zones de non-droit devenues lieux de tous les trafics co-existent avec des zones hyperprotégées, ultrasécurisées. Il est des zones ou on ne va plus par peur et où l’on vit par obligation, des zones de relégation, des zones dont l’état se retire et il est aussi des zones ou on nul peut pénétrer s’il n’est pas dument autorisé. Ce sont aussi des zones ou l’état ne va plus non plus, la sécurité pouvant y compris y être assurée par des vigiles privé. Ce phénomène n’est pas nouveau. Certains pays comme le Brésil l’expérimentent depuis des décennies. Dans ce pays, les riches vivent entre eux dans des zones sécurisées qu’ils ne quittent que brièvement traversant les quartiers sensibles dans des voitures si possible blindées et aux heures du jour. A Rio, il est interdit de s’arrêter aux feux rouges après 22h. Ce serait être une cible trop facile pour les détrousseurs!

En parallèle, l’état ne fait plus que de rares incursions armées (gesticulations cosmétiques) périodiques dans les favelas voisines. L’économie comme la culture de ces zones est contrôlée par les bandes. La loi n’y est pas appliquée et nul ne s’en soucie. Ces deux mondent coexistent et n’ont plus en commun que l’amour du football! Ils ne sont donc pas totalement étanches encore, mais les riches n’ont plus vraiment à se soucier du maintien de l’ordre républicain dans la majeure partie du pays. Écoles, hôpitaux vont à vau-l’eau. Ce n’est pas grave, ils ne les fréquenteront jamais. Les zones abandonnées servent de réservoir de main d’œuvre, de supplétifs (c’est là qu’on recrute les vigiles), de femmes. L’avenir promis à la France est-il le Brésil?

-A l’échelle mondiale: Il est désormais des zones interdites. Dans les années soixante-huit, les routards pouvaient aller de Paris à New-Dehli en Deux Chevaux (image d’Epinal certes) sans danger majeur, traversant des zones qui sont aujourd’hui devenues des zones interdites; kurdistan, Iran, Irak Afghanistan, Pakistan…) Qui a désormais envie d’aller passer ses vacances à Mossoul? L’ONU n’a pas les moyens de faire régner l’ordre dans ces régions, pas le besoin non plus puisque ces zones sont à l’écart des grands circuits économiques. Une économie locale y existe pourtant, celle de l’opium mais elle reste incontrôlée, comme un fantasme sournois.

-Le prototype de la Zone interdite, c’est la Zone d’exclusion autour d’une catastrophe nucléaire ; Tchernobyl, Fukushima…La prochaine. Zone de mort, nouvelles limbes, terra incognita, zone maudite à l’échelle géologique intemporelle, zone invisible, indicible. Pour décrire notre rapport à ces zones, on peut emprunter le vocabulaire de l’astrophysique (le trou noir), de la physiologie (le point aveugle de la rétine) ou la métaphore analytique :le non-dit.

-Mais en parallèle, la circulation des peuples est devenue plus facile. Grâce au développement des moyens de communication et surtout parce que les frontières des états nations sont devenues poreuses. La misère du monde converge donc depuis des décennies vers l’Eldorado supposé que constituent les pays où existent encore globalement certains acquis sociaux, grâce aux luttes de leurs peuples. Cet afflux non maitrisé, toléré de façon différentielle selon les cultures sous-jacentes déstabilise le fragile équilibre social et attise les antagonismes entre les peuples «natifs» et les nouveaux arrivants. L’édification compulsive de murs (à la frontière entre le Mexique et les USA, entre Israël et Palestine) est un phénomène caractéristique de notre époque. De façon fractale, des murs invisibles ou visibles quadrillent à nouveau le territoire collectif :

-Il y a quelques années un mur avait été construit en Tchéquie.

-On rebâtit des murs aux asiles psychiatriques pour les rendre étanches. Dans les deux sens.

Un communautarisme polymorphe s’instaure, sur des bases ethniques ou religieuses le plus souvent, mais surtout sur des bases économiques.

Pourtant, les politiques xénophobes inapplicables brandies médiatiquement par chaque gouvernement n’y peuvent rien, un formidable brassage sud-nord de population est en cours. C’est le Gulf Stream des peuples. La population mondiale dans cent ans sera sans doute métissée et c’est tant mieux.

Le risque est que à ce moment, l’on ne soit plus dans un ensemble homogène, un gigantesque espace mondial doté de règles, au sein duquel pourrait se rejouer à une échelle formidable la lutte des classes, ce qui reviendrait à mettre en acte une révolution mondiale par un peuple mondial désireux d’infléchir l’histoire. Le printemps arabe de 2011 l’illustre. Deux réflexions : Le rôle des réseaux sociaux qui transcendent le territoire : Du territoire virtuel à la révolution sociale.

-La valse des drapeaux, leur volatilité : drapeau blanc des rois de France, drapeau confédéré du Dixieland, drapeau orné de la faucille et du marteau… Blasons de nostalgie, territoires mentaux du passé.

Divers processus convergent pour faire émerger un archipel de territoires protégés représentant sans doute moins de 5% du territoire habité et des populations du globe perdu dans une mer incontrôlable au sein de laquelle s’agiterait en un magma convulsif sans perspective les «damnés de la terre».

L’Irak post intervention américaine verra la coexistence de zones vertes ultra sécurisées dans lesquelles vivront les employés des compagnies pétrolières, un contingent militaire du corps expéditionnaire résiduel, la police locale et ses familles et de territoires ouverts aux luttes les plus sanglantes établies sur des bases confessionnelles ou pas. Qu’importe que des attentats ensanglantent les 80% du pays si les zones pétrolières sont protégées pour le plus grand bien des compagnies pétrolières et de leurs actionnaires.

La solidarité et la proximité des puissants ne sont plus à démontrer. Le désordre introduit par la fin des états nationaux servira toujours à attiser les haines entre les peuples (diviser pour régner) tandis que les « grands » se côtoieront sans difficultés, exerçant néanmoins une lutte économique mais avec des règles et dans des sphères insoupçonnées. Un riche émir saoudien, quoique arabe, sera accepté et courtisé partout en France car il est riche et puissant. Un immigré maghrébin vivant en France sera rejeté car il est pauvre. Oussama Ben Laden lui-même n’est-il pas le rejeton (perdu!) d’une richissime famille yéménite dont la plus grande partie est l’alliée fidèle des compagnies pétrolières américaines.

On s’aperçoit aujourd’hui que l’internationale la plus active n’est pas celle des prolétaires, c’est celle des riches qui ont à leur disposition les moyens de communication les plus sophistiqués et ont un projet commun de domination économique. Cela se traduit au niveau géopolitique par une formidable régression spatiale, la constitution à l’échelle mondiale d’une nouvelle distribution territoriale qui présente des analogies tragiques avec le modèle en vigueurs au moyen âge européen: des places fortes dispersés pour héberger l’aristocratie mondiale (les donjons), les campagnes (ou ce qu’il en reste) abandonnées au peuple des nouveaux gueux et des coupe-jarrets, le lumpen proletariat selon Marx.

Cette évolution territoriale n’est que le reflet des meurs socio-économiques dominants. Le concept d’état-Nation permit une évolution sociologique importante qui culmina au XX° siècle. Il est en perte de vitesse car il ne sert plus aussi bien les intérêts immédiats des accumulateurs de capital. Cette évolution nous semble importante à repérer. Elle n’est pas inéluctable.

Il y a 20 ans, les lieux emblématiques étaient les musées : la richesse (historique, artistique…) d’un pays pouvait s’exposer. En 2003, à Bagdad, on a pillé le musée archéologique, moins protégé que le ministère du pétrole. Cet évènement est l’un des évènements fondateur de ce début de millénaire. Il n’y a plus de sanctuaire symbolique, il n’y a plus que des donjons. Il n’y a plus de symbolique, il n’y a plus que la force et l’argent. Ceci augure-t-il un nouveau sombre moyen-âge ?

Nous, et plus probablement nos descendants, allons devoir vivre dans un monde dont la territorialisation et les logiques intimes n’auront plus rien à voir avec ce que nous avons connu. Comme un dément plongé dans une DTS anxiogène, n’a à l’esprit que les bribes télescopées de ses certitudes régressives nous devons débusquer le nouveau sanctuaire psychique de nos patients, son narcissisme ? Et le nôtre.

La régression au sens psycho-dynamique ne peut pas ne pas s’accompagner d’une modification en profondeur des rapports humains et d’une redistribution de notre rapport à nous-même, de nos ressors intimes. Il y avait la carte, le territoire, et le lecteur de la carte, il y a aussi le GPS…Mais le nomade, comme le pèlerin n’a jamais eu besoin de carte. Il était guidé par les Etoiles et transportait le monde dans sa tête.

Il y a peu, au sens politique (notre place dans la cité), nous avions une adresse (ad dirito) localisée en coordonnées topographique. Maintenant, nomades, notre adresse est un numéro, une adresse email, le tout utilise un canal. Ce sont les mêmes quel que soit notre position sur le globe. D’ailleurs le législateur ne s’y trompe pas lorsqu’il se propose de supprimer une adresse IP comme peine pour les contrevenants à la loi Hadopi. Notre conscience de soi va en être profondément modifiée.

Et du point de vue des associations, comment ne pas relever que le mot adresse renvoie aussi à l’habilité. La réhabilitation sociale, c’est aussi l’un des buts de la psychothérapie.

Régression historique rapide, drastique certes, du point de vue des mentalités et de leur mise en acte politique le XXI° siècle ressemble déjà plus au XVIII° siècle qu’au XIX° (conservatisme, religiosité, naissance de nouvelles dynasties régnantes en Afrique, mais pas seulement : le fils de…) et là encore, de façon fractale, replis sur l’individualisme, l’égoïsme, une a-maturité affective triomphante. Quel sera le moteur narcissique des générations à venir ? Quelle clinique de la souffrance humaine, et de la demande, émergera ? Quelles réponses seront à produire ou à refuser? La créativité des thérapeutes, comme des politiques va être soumise à rude épreuve.

Alors que nous sommes au pays ou l’inconscient est né, j’ai été bien terre à terre, sans doute, défense névrotique sans doute que de juste soulever ces dessous des cartes…ces jeux (Je) de cartes.

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous