Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Échanges d’idées sur l’avenir de la revue Psy Cause (janvier/juin 2014)

01-AG-AVIgnon-25.2.14Trois réunions au niveau de la structure associative Psy Cause International, dont deux d’entre elles également au niveau du comité de rédaction de la revue Psy Cause, se sont tenues en cette première moitié de l’année 2014. Il s’agit de l’Assemblée Générale statutaire annuelle à Avignon le 25 février, de la réunion revue + association à Aix en Provence le 1° avril, de la réunion revue + association à Avignon le 3 juin. Ces rencontres ont été l’occasion d’échanges d’idées approfondis sur l’avenir de la revue Psy Cause et de prendre quelques positions de principe. Le temps était en premier lieu celui de l’évaluation et du recensement des orientations les plus pertinentes, et de nos futurs chantiers. Les points abordés au fil de ces trois réunions ont concerné les cinq rubriques suivantes  :

 

 

 

1- Le renforcement du Comité de Lecture 

 

Le nombre en pleine croissance des articles proposés à la revue nécessite un renforcement du comité de lecture trop réduit actuellement.

 

Déjà, en ce premier semestre 2014, notre rédacteur ivoirien, le Pr Y Jean Marie Yéo Ténéna entre en février à Ouagadougou dans ce comité, ce qui est important vis à vis du CAMES, tandis que le Pr Samuel Mampunza (Kinshasa), nous confirmera son entrée dans le comité de lecture par un courriel du 16 avril : « Cher confrère,

 Nous nous sommes rencontrés au dernier congrès de la Société africaine de santé mentale à Ougadougou/Burkina en Février dernier. Je vous avais donné ma promesse de contribuer dans la mesure de mes possibilités à l’épanouissement de la revue “PsyCause”. Merci donc de me compter dans le comité de lecture.

 Franche collaboration,

 Pr Dr Samuel Mampunza M.M.

Université de Kinshasa. »

 

02-AmelieTNotre rédactrice portugaise Mme Amélie Trupin Mesquita nous écrit dans un courriel en date du 18 février 2014, que nous devons travailler à un comité de rédaction répertorié dans les bases de données internationales (peer review) et pour ce faire nous conformer à certaines normes, précisant : « Étant donné la dimension de la revue, je suppose qu’une vingtaine de personnes suffirait, elles pourraient être divisées en 4 ou 5 groupes (par thème, par exemple psychiatrie, psychothérapies, psychologie clinique, philosophie…), il conviendrait qu’il y ait dans chaque groupe divers représentants de statuts différents (chercheurs et professeurs, universitaires ou non, professionnels). Et, évidemment, le grand atout de la revue, c’est qu’il y ait des représentants de divers pays répartis dans les groupes. » Elle nous indique une marche à suivre administrative en France pour obtenir ce référencement. À l’université de Lisbonne, nous dit-elle, ce référencement est indispensable. Lors de l’Assemblée Générale du 25 février, nous décidons de faire le nécessaire pour constituer un dossier à envoyer dans les délais à une instance compétente.

 

Nous disposons actuellement d’un comité de lecture composé de sept membres dont quatre universitaires : le Pr Gérard Pirlot (Toulouse, France), Le Pr Raymond Tempier (Ottawa, Canada), Le Pr Samuel Mampunza (Kinshasa, RD Congo), et le Pr Y Jean Marie Yéo Ténéna (Abidjan, Côte d’Ivoire). Ce comité regroupe cinq nationalités (3 français, 1 camerounais, 1 canadien, 1 ivoirien, et 1 congolais). Il associe trois disciplines : psychiatrie, psychologie et anthropologie. Il correspond au noyau de ce que suggère Mme Amélie Trupin Mesquita. L’intérêt de constituer plusieurs groupes est de répartir la charge de travail. Lors de l’AG du 25 février, nous constatons que ce renforcement du comité de lecture afin de mieux faire face à l’arrivée de nombreux nouveaux articles et afin de présenter un solide dossier de référencement, est tout à fait à notre portée. Nous projetons alors d’y travailler lors des prochaines réunions qui font suite à cette AG. L’indisponibilité du directeur de la revue pour un problème de santé, a reporté ce chantier.

 

2- La dialectique revue papier versus publications internet

 

Lors de la réunion du 3 juin à Avignon, le Dr Jean Paul Bossuat rappelle le débat à Marseille (à la bibliothèque du Centre Hospitalier Édouard Toulouse) le 17 décembre 2013. Nous avions posé le principe d’une dissociation claire entre les textes d’auteurs publiés sur le site psycause.info et ceux publiés dans la revue : « le site ne doit pas être le lieu de publication des recalés de la revue. » Les auteurs écrivent leur texte soit pour le site, soit pour la revue. Nous avions décidé de privilégier la revue papier comme seule revue validante soumise à l’avis du comité de lecture. La sélection porte sur les articles destinés à la revue Psy Cause, une revue que l’on peut trouver dans les rayonnages d’une bibliothèque.

 

lavergne-reunion-du-4-juin-2014En fait, se profile la question du modèle économique de la revue Psy Cause, confrontée comme c’est le cas pour toutes les revues, à la révolution de l’information par internet. Le Dr Thierry Lavergne pense que le tirage papier ne pourra avoir de l’avenir que s’il est adopté par un public forcément restreint et disposé à payer pour une revue de haute qualité avec des iconographies artistiques et des articles courts, ciselés avec des mots choisis, qui peuvent être revisités en plusieurs lectures comme une œuvre d’art : « un bon article doit faire associer. » Notre réflexion économique sur la revue nous oriente donc vers un produit de haute qualité sans augmenter, si possible, le prix de l’abonnement. Le Dr Thierry Lavergne, lors de cette réunion du 3 juin, appuie son argumentation sur le phénomène sociétal qu’est internet. Internet, c’est le partage : le partage de savoirs, un lieu pour faire remonter des expériences. Cet espace de partage reconnait une pertinence à l’objet de luxe que l’on possède. C’est dans ce créneau que la revue papier a un avenir. Il voit également un passage possible entre l’article de 20 pages publié sur le site qui permet de présenter une démonstration pas à pas et un autre travail qui consiste à rédiger pour la revue un article de deux pages à partir de l’article de 20 pages, qui sera centré sur l’essentiel d’une idée.

 

3- Spécificités africaines

 

Il existe cependant un bémol à cette analyse dialectique revue papier versus publications internet : la situation en Afrique sub-saharienne. Ce subcontinent est une part importante de la diffusion de Psy Cause. La position d’internet y est très différente de la problématique rencontrée ailleurs. Notre rédacteur ivoirien, le Pr Y Jean Marie Yéo Ténéna, a observé en février dernier qu’en Côte d’Ivoire le support papier est recherché car l’accès internet y est difficile et irrégulier. Notre préoccupation de justifier des abonnements par la qualité artistique des numéros papier, en regard d’un accès internet devenu très concurrentiel, leur est assez éloignée. Notre rédacteur camerounais, l’anthropologue Dr Péguy Ndonko, a également, après notre réunion de juin, mis l’accent sur cet aspect outre le fait que l’association Psy Cause Cameroun est nettement plus orientée vers l’anthropologie, médicale ou non, que vers la psy, comme en témoignent les textes présentés pour publication sur le site. Les positionnements sur le terrain de Psy Cause Côte d’Ivoire et de Psy Cause Cameroun s’inscrivent sur des trajectoires très différentes. La Côte d’Ivoire a choisi la voie de l’abonnement en nombre et d’un intense travail rédactionnel, en fait de s’approprier au moins partiellement la revue Psy Cause, ce qui, comme arrêté lors de la réunion du 3 juin, va se traduire dans un dossier spécial Côte d’Ivoire à paraître dans le N°66 avec 5 articles ivoiriens. Le Cameroun semble quant à lui demandeur d’une publication axée sur ses centres d’intérêt, de fabrication et diffusion locales et cautionnée par Psy Cause.

 

04-Congres-SASM-4.2.14Rappelons qu’à Ouagadougou le 7 février 2014 au terme de trois journées de congrès, la Société Africaine de Santé Mentale a voté en assemblée générale un partenariat avec Psy Cause et que de nombreux pays francophones de l’Afrique subsaharienne y ont manifesté leur engagement au développement de leur participation à notre revue. S’il existe une urgence, c’est bien d’organiser une réunion consacrée exclusivement à Psy Cause en Afrique subsaharienne.

 

 

 

 

4- Le financement de la revue Psy Cause

 

C’est un sujet récurrent qui ne manque pas de s’inviter au gré des réunions. Publier une revue scientifique est a priori une entreprise commerciale déficitaire. Le prix de l’abonnement ne peut être contenu dans des limites raisonnables qu’à l’aide de financements complémentaires. Pour notre revue, ce sont les actions de formation permanente.

 

Cette question a été au cœur des débats lors de la réunion du 1° avril à Aix en Provence. Les participants, réunis pour la première fois en l’absence du directeur de la revue, font « le constat que la nécessité de garder sa liberté de ton justifie que Psy-Cause retrouve un financement régulier permettant son édition régulièrement par les abonnements et par les formations locales et internationales. Le prix des abonnements doit rester le même pour l’instant. Le nombre d’abonnés reste aussi assez constant depuis la création de Psy-Cause et semble assez difficile à augmenter pour l’instant. Les formations à l’étranger demandent un fort investissement en temps et en énergie et rapportent peu financièrement, mais permettent d’étendre la notoriété de Psy-Cause. Par contre le nombre de formations en France peut être augmenté afin d’assurer un revenu régulier et d’augmenter la notoriété de Psy-Cause auprès des étudiants (psychologie, médecine, psychiatrie, éducateur, assistants sociaux, orthophonistes, psychomotriciens, art thérapeutes…etc.) » En pratique, les participants à la réunion font référence au congrès d’Ottawa dont les dépenses et les recettes sont quasiment à l’équilibre. Certains congrès internationaux ont dégagé des moyens pour la revue, d’autres ont été tout juste à l’équilibre, voire déficitaires comme le congrès de Marrakech.

 

05-ChmielewskiL’une des pistes évoquées quant aux formations en France, ce 1° avril, est de faire « régulièrement des journées organisées par Psy-Cause dans des lieux accueillants et gratuits comme par-exemple : les salles et amphi des hôpitaux Edouard Toulouse, Montperrin, Valvert, Ste Marguerite, ou de l’école d’éducateurs d’Avignon, ou de la fac de psycho à Aix, sous réserve que les salles soient prêtées et que nous ayons le droit d’y faire des formations payantes. » Une autre piste, avancée dans cette même réunion par notre Référent Psy Cause France, Mr Yves Chmielewski, est de proposer moyennant paiement, à des organismes de formation, une publication de leurs colloques principalement sur notre site. Le 3 juin, Mr Yves Chmielewski nous donne l’information que les organismes qu’il a consultés sont très organisés et peu intéressés. La solution serait donc de ne compter que sur nous mêmes, seuls ou en partenariat comme récemment décidé avec l’AFRET (Association de formation permanente de l’hôpital Édouard Toulouse à Marseille) pour une action. L’obtention du numéro d’agrément FMC médicale devient incontournable.

 

Lors de la réunion du 3 juin, nous avons salué l’engagement de la Côte d’Ivoire dans le financement de la revue Psy Cause. La réussite d’une revue internationale passe par des modalités internationales de financement. Il serait déséquilibré de ne financer la publication de Psy Cause dans le monde entier que par des actions de formation locales en France.

 

5- La quadrichromie

 

Cette question est abordée dès l’AG du 26 février. Le passage à une revue imprimée entièrement en couleur irait dans le sens d’une revue de haute qualité achetée comme telle. Le directeur de Psy Cause s’en est déjà entretenu avec notre éditrice Hélène Mella. Une réduction du tirage aux seuls abonnés de façon stricte permettrait de quitter l’impression offset pour l’impression numérique et, à un coût sensiblement identique à l’actuel, d’avoir la quadrichromie. Car il n’est pas question d’augmenter le prix de l’abonnement. Les rédacteurs qui ne souhaitent pas s’abonner recevraient le PDF. En impression numérique, le coût du numéro est à l’unité, tandis qu’en offset, il diminue avec le tirage, le coût étant fixé par les plaques d’imprimerie. À un faible tirage, l’impression numérique est moins onéreuse. Une gestion très rigoureuse des numéros distribués permettrait aujourd’hui, à coût constant via l’imprimerie numérique d’avoir la quadrichromie. Mais cela veut dire que l’équilibre financier ne peut être atteint par les seuls abonnements et que se posera le problème du retour à l’offset en couleur si le nombre des abonnés s’envole. Le choix n’est pas simple. L’AG, suite à cette analyse, émet un accord de principe. Cet accord est confirmé lors de la réunion du 1° avril.

 

06-couv65Lors de la réunion du 3 juin, suite à la sortie du N°65, le débat sur la quadrichromie est relancé. Le Dr Thierry Lavergne fait observer que les œuvres de patients en noir et blanc y sont insuffisamment valorisées. Il souhaite que nous approfondissions notre réflexion sur le positionnement de l’œuvre conçue en écho de l’article, qui alors doit être en fin de texte et si possible en pleine page, et sur une formule d’impression de la revue associant des pages en noir et blanc avec les pages en couleur. Ceci serait peut être mieux que de faire une revue en impression numérique couleur à faible tirage. Diverses observations de participants soulèvent des contraintes techniques qui surviendraient alors : l’imprimeur, en offset, travaille avec des planches de 8 ou 16 pages. Ce qui impose un emplacement pour les pages couleur. D’autre part, il n’y a pas que les œuvres de patients qui sont concernées : certaines illustrations fournies par les auteurs gagneraient à l’accès à la couleur tandis que d’autres, qui font des  photos acceptables en noir et blanc, ne supporteraient pas la couleur. Il apparaît donc que l’on peut opter difficilement pour autre chose que le tout noir et blanc ou le tout couleur. Quoiqu’il en soit, le consensus est de continuer pour l’instant la revue Psy Cause telle qu’elle est aujourd’hui et de ne pas envisager le passage à la couleur avant 2015.

 

Au total

 

Le premier semestre 2014 a permis de poser clairement les enjeux et les paramètres à prendre en compte dans l’avenir de la revue Psy Cause qui continuera en tant que revue papier tandis qu’internet et d’autres modes de communication la complèteront. La revue Psy Cause étant, comme depuis nos débuts, la clé de voute de l’édifice Psy Cause.

 

Jean Paul Bossuat et Thierry Lavergne

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous