Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Hommage du Président de Psy Cause à Roger Gentis

Le 1er août, à l’âge de 91 ans, Roger Gentis nous a quitté. 

Lorsque j’étais interne au CHS de Fleury les Aubrais, dans les années 1970, il fut pour moi un Maître. Ce grand psychiatre était une figure de proue du mouvement de la psychothérapie institutionnelle, né à Saint Alban en 1942, à l’époque de la Résistance contre le totalitarisme Nazi. Ce mouvement, à la Libération, s’est engagé dans l’humanisation des hôpitaux psychiatriques en transformant l’institution asilaire en une néo société dans laquelle les malades mentaux devenaient participatifs en tant que personnes. Ce fut l’époque des clubs thérapeutiques, de la formation des infirmiers (en particulier par les stages CEMEA) à l’écoute des patients et à un positionnement relationnel désaliénant, via la grille psychanalytique essentiellement. 

Jeune interne, je prenais en charge le journal des patients (l’Echo des Bruyères fondé en 1947), organisait des échanges d’idées associant patients et personnel soignant dans les unités de soins, participait à la revue Vie Sociale et Traitement (VST), ainsi qu’à des stages CEMEA. C’est d’ailleurs de cette époque de formation que s’est forgé mon intérêt pour la communication dans le champ de la psychiatrie. 

Roger Gentis était doté d’une grande curiosité pour les nouvelles approches thérapeutiques, telles que la bioénergie, le cri primal, dont l’époque était foisonnante. Il s’engageait surtout résolument dans la seconde phase de la psychothérapie institutionnelle : le retour des patients « dans la cité ». C’est ce qui allait s’appeler la psychiatrie de secteur. Il n’hésitait à venir dans une salle de cinéma pour parler de la psychose avec un public. Et il faisait salle comble. Il était également un fervent militant de l’UNAFAM (mouvement associatif des familles de malades mentaux). 

Assurément, pour tous les psychiatres français de ma génération, cette décennie des années 70, (et, à un degré moindre, les premières années 80), fut passionnante et extraordinairement féconde.

Lorsqu’en 1995, nous lancions la revue Psy Cause au CHS de Montfavet (Avignon), le courant de la psychothérapie institutionnelle était encore bien présent dans certains services. Nous avons fait circuler la revue dans toutes les unités de soins, situées dans et hors de l’hôpital, dans les hôpitaux de jour, CMP, etc. Les équipes écrivaient sur leur pratique et échangeaient. Nous faisions alors école dans les hôpitaux voisins, ce qui avait fait dire au Dr Alain Gavaudan (du CHS de Valvert à Marseille) lors d’un congrès Psy Cause à Martigues en septembre 2003 : « Psy Cause est plus qu’une revue, c’est un mouvement ». 

L’année précédente, en juin 2002, j’ai eu le grand honneur de retrouver à Saint Martin de Vignogoul, mon Maître Roger Gentis, qui avait accepté de présider, dans cette prestigieuse clinique institutionnelle spécialisée dans la psychose, proche de Montpellier, notre sixième congrès national Psy Cause. Ce fut un moment de grande émotion. L’un de ceux au cours duquel l’ancien élève peut ressentir pleinement le lien de filiation avec un grand Maître, sur le plan de l’apprentissage d’un métier au cœur du sens de l’existence humaine. Son encouragement, exprimé alors, dans ma propre démarche avec Psy Cause m’a été précieux.

Je termine cet hommage avec deux photos prises lors de notre congrès à Saint Martin de Vignogoul. La première le fut à l’occasion de l’ouverture des travaux, dans la salle de conférences de la clinique.

La seconde photo se situe dans le parc de la clinique lors d’une pause. Je suis accompagné de Mireille Brun, cadre infirmière de mon service, chargée de « l’Atelier de Thérapie Institutionnelle ».

Après ces moments rares, je n’aurai plus l’occasion d’échanger avec mon Maître Roger Gentis. La revue Psy Cause était alors à son apogée, en tant que revue française pluridisciplinaire de psychiatrie implantée au sein des équipes soignantes. Son dernier grand congrès national centré sur l’institution se déroulait en juin 2006 à Vaison la Romaine. Les grands acteurs présents du courant institutionnel, qui avaient inspiré Psy Cause depuis une dizaine d’années, étaient appelés, dans les proches années à venir, à cesser leur activité sur le terrain. Ce congrès fut avant tout le testament d’une génération formée par des Maîtres tels que Roger Gentis. 

Deux années plus tard, à Parakou en 2008, Psy Cause tenait son premier congrès en Afrique Subsaharienne… 

Notre colloque, au CHS de Montfavet, sur « la transmission », en mars 2010, traduisait l’inquiétude d’une possible rupture d’un savoir faire professionnel, en France, entre les générations. Pourquoi alors ne pas citer le point de vue exprimé dans la comédie du dramaturge espagnol du XVIIème siècle Pedro Calderon de la Barca : « Le pire n’est pas toujours certain». 

Roger Gentis nous a quitté. Hommage lui soit rendu.

Jean Paul Bossuat

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous

6 Commentaires

  1. L’écriture, est l’un des traits de l’œuvre de Roger Gentis qui vient de nous quitter le 1er août 2019. Nous voici à feuilleter quelques-uns des livres que nous a laissés Roger Gentis: Les murs de l’Asile, guérir la vie, ou sur la couverture est noté cette phrase d’Antonin Artaud : « en même temps que la révolution sociale et économique indispensable, nous attendons tous une révolution de la conscience… qui nous permettra de guérir la vie. »
    Les livres, articles et textes produits par Roger Gentis donnent à voir un homme qui, à travers vents et marées, a su garder son cap. Un cap très tôt établi, dans l’impétuosité de la jeunesse – et ceux qui ont encore approché Gentis dans son grand âge peuvent dire quelle fougue, quel allant, quelle vivacité contagieuse l’animaient toujours. Il faut lire « Un psychiatre dans le siècle » cette rencontre proposée par Patrick Faugeras aux éditions érès en juin 2005.
    Puis pour mieux connaitre Gentis, nous reprendrons le début de l’hommage qu’il rend à Germaine Le Guillant dans le N° de VST 53/54 de 1997.
    « En forçant un peu, je pourrais me dire le fils spirituel de François Tosquelles et de Germaine Le Guillant. Le premier m’a ouvert à une certaine façon d’être psychiatre, et les choix, les principes qui étaient les siens, je n’ai eu aucune peine à les maintenir, à les assumer jusqu’à aujourd’hui, quarante ans exactement après mon arrivée à Saint-Alban – à travers les bouleversements, les vicissitudes qu’a connus depuis cette époque l’exercice de la psychiatrie. Je puis en dire autant de Germaine Le Guillant.  
    Il est clair pour moi que ce que je fais ou essaye de faire aujourd’hui, où ma position de retraité me permet de travailler à ma guise, et de ne faire que ce que j’ai choisi de faire ou presque, eh bien, c’est au fond la même chose que ce que j’avais abordé en 1957, il me semble, en mettant les pieds dans un stage des Ceméa. L’époque n’est plus la même, les mœurs ont évolué, les institutions aussi, la roue de l’histoire a tourné d’un cran ou deux – mais la tâche reste à poursuivre, sur un autre mode, avec d’autres moyens…  
    C’est dire que Germaine Le Guillant et Georges Daumézon qui avaient fondé quelques années auparavant ces stages « Équipes de santé mentale » et la revue qui allait avec, voyaient loin et avaient mis en route quelque chose de fondamental. Jean Oury me disait, il n’y a guère, à Laragne, que sans eux et sans cette entreprise, la psychiatrie française ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est – entendons dans ce qu’elle a de meilleur. Il s’agissait certes alors, en premier lieu, de subvertir la vie asilaire qui était la règle la plus générale. On ne pouvait se contenter de bouter l’asile hors de quelques lieux-pilotes, qu’on pouvait compter sur les doigts d’une main, et dont on pouvait toujours dire que les conditions de travail y étaient exceptionnelles, et qu’heureusement (c’eût été se donner beaucoup de peine) on ne pouvait faire la même chose ailleurs. Le trait de génie des fondateurs des stages ESM, ce fut de mettre à la disposition de tous (de tous ceux qui le souhaitaient) un outil de transformation progressive et en profondeur de l’institution asilaire – en l’attaquant par sa base : ceux qui étaient les piliers de la quotidienneté asilaire et pouvaient seuls la transformer, les infirmiers. »

  2. un grand hommage pour un grand Monsieur….

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