Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Invitation à une après midi sur l’autisme à Zarzis (Tunisie)

06-entreeLe 13 août 2016 se déroule à l’école de pêche, au cœur du port de Zarzis, dans le sud tunisien, une après midi d’information sur l’autisme à l’initiative de l’association des enfants autistes de zarzis dont le bureau est à Paris, représentée par un membre du bureau parisien venu de France, Mr Zaved Chtioui. L’association Tawaassol Zarzis présidée par Mr Anouar Abdennebi a apporté un soutien essentiel. Cette association fut créée le 23 juin 2011 dans la foulée de la révolution avec pour objectif « la contribution à la promotion de principes civiques et du sens de civisme, la promotion de l’activité culturelle locale et le développement durable ainsi que l’action bénévole. » Cette après midi sur l’autisme répond à la nécessité d’une action de santé publique devant la difficulté des familles confrontées à 700 cas d’autisme diagnostiqués à Zarzis.

 

07-publicPrès d’une soixantaine de parents d’autistes et de professionnels (dont Mr Noureddine Labiadh, directeur du centre pour enfants handicapés mentaux et autistes de Zarzis), sont présents, ainsi que les deux députés de Zarzis : Mme Hajer Bouzemmi (Ennahdha) et Mr Salem Labiadh (Mouvement Populaire). Un conférencier est venu de Tunis : le Dr Sami Othman, pédopsychiatre ancien Professeur Agrégé de la faculté de médecine de Tunis. Deux professionnels français présents à Zarzis en ce mois d’août, sont invités à apporter leur contribution à la table des intervenants : Mme Racha Zebib, orthophoniste et chercheure sur le langage de l’enfant autiste à Tours, et le Dr Jean Paul Bossuat, psychiatre directeur de la revue Psy Cause à Avignon. Citons également parmi les organisateurs, le Dr Moez Jabou, médecin généraliste à Zarzis, très impliqué dans cette action d’information sur l’autisme.

 

08-ConferencierLe Dr Sami Othman, conférencier, l’un des 20 pédopsychiatres de la Tunisie, ancien Professeur Agrégé, secrétaire adjoint de la Société Tunisienne de Psychiatrie de l’Enfant, expose la problématique de cette Journée. Il rappelle qu’il a exercé pendant une vingtaine d’années à l’Hôpital Psychiatrique de la Manouba-Tunis dans le service de la Pr Asma Bouden, au niveau de l’unité d’évaluation des troubles autistiques. Car, nous dit il, l’enjeu majeur est le dépistage précoce. Il constate qu’en 1997, il n’avait que deux ou trois cas d’autisme dans sa consultation. Aujourd’hui, les cas d’autisme représentent 40% de sa consultation : « la progression est incroyable. » Le profil des autistes change. Il met en cause l’action néfaste de la télévision avant l’âge de deux ans, qui ne peut remplacer le contact humain.

 

Le conférencier insiste ensuite sur la nécessité 09-tablede ne pas culpabiliser les parents, d’autant plus que la science ne connaît toujours pas la cause de l’autisme. Après une présentation imagée des signes cliniques qui permettent de dépister un autisme, il affirme le rôle primordial des parents dans la prise en charge, lesquels, bien sûr, œuvrent avec les professionnels, ajoutant que l’intervenant, l’orthophoniste par exemple, doit lui même être formé. « Pour les parents, c’est le travail d’une vie. » Une bonne prise en charge peut aller jusqu’à permettre à un enfant autiste de réussir à des examens. Lors des échanges avec la salle qui font suite à la conférence, le Dr Sami Othman insiste : « il faut que le parent accepte l’enfant tel qu’il est. Il faut que la mère dise que son enfant est autiste. » Le 10-deputesDr Jean Paul Bossuat fait observer que l’augmentation rapide du nombre de cas recensés à Zarzis ne traduit pas forcément une accentuation de l’emprise de la maladie dans la population, d’ailleurs encore inférieure au 1% constaté au niveau mondial, mais plutôt une heureuse prise de conscience de cette maladie, laquelle permet un meilleur dépistage et ouvre la porte à une prise en charge mieux adaptée.

 

Mme Racha Zebib prend à son tour la parole pour exposer son travail d’orthophoniste auprès des enfants autistes, dans un arabe libanais bien compris de son auditoire. La langue du colloque est d’ailleurs l’arabe afin de favoriser une meilleure participation des familles. Le Dr Jean Paul Bossuat remercie Mr Anouar Abdennebi pour la qualité de sa traduction simultanée.

 

La parole est donnée aux politiques. Mr Salem Labiadh, député Front Populaire de Zarzis à l’Assemblée des Représentants du Peuple, revient sur la priorité à donner au diagnostic précoce qui évite de la souffrance. Ce diagnostic ne peut se faire que par les parents, d’où l’importance de l’éducation de ces derniers. Il suggère des spots télévisés pour informer les parents des signes de l’autisme. Le second volet est l’intégration des enfants autistes dans les écoles d’état. Mais alors, dit il, « le premier à intégrer, c’est le professeur qui ne connaît pas cette maladie. » Il convient de former l’enseignant. Bien évidemment, ajoute t’il, « on peut accéder à des spécialistes pour diagnostiquer l’autisme chez les enfants. Ce sont eux qui sont les plus aptes à le faire. Mais il n’y a qu’un centre de dépistage à Tunis. Vous seuls devez lutter pour avoir vos droits. »

 

Mme Hajer Bouzemmi, députée Ennahdha de Zarzis à l’Assemblée des Représentants du Peuple, déclare : « j’espère que l’association spécialisée pour aider les familles d’autistes va se mettre en place car elle donnera des résultats. Nous allons tout faire sur le plan légal pour que cette association voie le jour. » Elle précise qu’en tant que membre de la commission santé au parlement, elle en a parlé avec le ministre de la santé. Le nombre important des cas d’autisme a surpris, ajoute t’elle, et « les autorités vont travailler sur ce problème très bientôt. »

 

En conclusion, ce colloque d’information et de sensibilisation sur l’autisme démontre l’existence d’une intéressante démarche citoyenne dans le sud tunisien, ainsi que d’une dynamique de santé mentale qui appelle à un rééquilibrage en termes de moyens spécialisés par rapport à la Tunisie du Nord.

 

Jean Paul Bossuat

 

 

 

 

 

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2 Commentaires

  1. Bonjour
    Merci pour l article
    Juste une petite Remarque
    Ce qui a organisé ce Le bureau de l association des enfants autistes de Zarzis
    A paris ,representé par Monsieur Zaied Chtioui .
    Merci a Monsieur Anoir Abdennbi president de l association “tawssel” que nous a beaucoup aidés pour organisé cette journée .

  2. La correction est faite dans l’article. Merci pour la précision.