Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Le centre « Espoir pour le développement des aptitudes mentales » à Zarzis (Tunisie)

01-ZarzisLors de la réunion du conseil d’administration du 14 novembre 2014, nous avions arrêté le principe de tenir notre XII° congrès international de Psy Cause en Tunisie afin d’apporter notre pierre à l’édification de la nouvelle dynamique de santé mentale dans le cadre de la « Seconde République Tunisienne », en juin 2016. La ville de Zarzis, dans le sud tunisien, est envisagée comme cadre des travaux scientifiques de ce congrès Psy Cause, et il va donc de soi que nous prenions contact avec les institutions psys de cette agglomération de 80 000 habitants. C’est ainsi que nous avons été reçus le 5 janvier 2015 par le directeur du centre pour enfants handicapés mentaux et autistes, dénommé « Espoir pour le développement des aptitudes mentales », Mr Noureddine Labiadh. Cette visite marque le coup d’envoi des préparatifs en vue de notre XII° congrès.

 

Ce centre est géré par la section de Zarzis de l’association UTAIM (Union Tunisienne d’Aide aux Insuffisants Mentaux). Mr Noureddine Labiadh se présente : il a fait carrière au sein de l’Education Nationale tunisienne dans l’enseignement technique et son dernier poste avant détachement était celui de principal dans un lycée. Il est à présent mis à disposition de l’association Union Tunisienne d’Aide aux Insuffisants Mentaux. Il nous confie également qu’il a une activité artistique de calligraphe.

 

02-Karine-5.1.15Mr Noureddine Labiadh introduit son propos par un historique de son institution qui débute par la création de la section associative de Zarzis en 1994. Il a été le maître d’œuvre de ce projet fait de rencontres fortuites. L’idée est venue d’une allemande amoureuse de Zarzis, qui voulait y terminer ses jours, dénommée Karine. Avec une amie à elle, elle collectait de l’argent et achetait un terrain pour y construire un petit centre de loisir pour les enfants handicapés mentaux. Elle décédait à l’âge de 85 ans avant de concrétiser son projet. Mais, nous dit Mr Noureddine Labiadh, « l’idée avait germé ». Cinq années plus tard, une autre allemande également dénommée Karine, venue à Zarzis avec son mari, avait vu un jeune trisomique et décidait de reprendre le projet. Elle n’avait pas d’argent mais, par le biais d’une action caritative au sein de son association de femmes allemandes, elle réunissait 20 000 dinars qui permettaient l’achat d’un terrain pour le centre en 1997. Malheureusement, elle et son mari furent fauchés par un chauffard, en bord de route. Mais la dynamique était lancée et la conjugaison de l’action de l’état et de donateurs finançait le chantier, ouvert en 2000, d’une construction impliquant de nombreux bénévoles, achevée en 2003.

 

03-Cheque-5.1.15Mr Noureddine Labiadh précise que furent alors récoltés 60 000 dinars auprès de Tunisiens de la région et de Tunisiens de l’étranger qui avaient des liens avec Zarzis, par l’intermédiaires d’une multitudes de petits dons. Il s’attarde longuement sur un don japonais de plus de 86 000 dinars versés en 2002 qui contribua efficacement à l’achèvement des travaux et au lancement du fonctionnement du centre. Il nous raconte qu’ensuite, jusqu’en 2010, l’aide de donateurs étrangers fut très présente et que le fonctionnement du centre pour handicapés mentaux fut « équilibré ». Depuis la révolution, sa situation s’est beaucoup détériorée en particulier au niveau des professionnels dont le nombre s’est considérablement réduit avec de nombreux départs en particulier au niveau des bénévoles. En 2014, le centre, qui prenait en charge une centaine d’handicapés, n’a pu en accepter plus d’une soixantaine. Son directeur met évidemment ses espoirs en 2015 dans la nouvelle donne politique mais il est conscient que cela prendra du temps. Il souhaite surtout que l’état s’investisse davantage dans la prise en charge du handicap mental. Il nous dit être enchanté que son centre soit associé à notre projet de congrès.

 

04-Autistes-Zarzis-5.1.15Il nous donne des précisions sur les attentes prioritaires de son centre, lesquelles portent sur la formation. Il cite en exemple un partenariat de son centre avec la Dr Carminati de Genève, alors chef de département, psychiatre spécialiste du retard mental et de l’autisme, très engagée dans le domaine de la formation. Pour la convaincre, il lui avait tenu ce discours : « j’ai besoin de votre expérience, et vous, vous avez besoin d’un champ d’expériences. » C’est à dire qu’il peut s’établir un échange de bons procédés selon lequel les professionnels suisses qui font le déplacement à Zarzis enseignent leur savoir faire et trouvent pour eux-mêmes un terrain d’étude. Mr Noureddine Labiadh salue la qualité des échanges avec les Suisses qui, selon lui, sont plus pratiques et moins théoriques que les Français. Il évoque cependant la bonne expérience qu’il a eue avec l’association marseillaise Santé Sud.

 

05-Mr-Noureddine-Labiadh-5.1.15Il nous expose à présent les modalités de la prise en charge des handicapés mentaux et des autistes dans son centre. Il nous fait d’abord observer que ce dernier a ses portes ouvertes et que cela ne pose aucun problème. Un jeune handicapé mental fait irruption dans le bureau et Mr Noureddine Labiadh nous raconte que la mère de ce jeune l’avait enfermé pendant sept ans. Il nous montre des tambourins qui décorent les murs de son bureau, utilisés lors de soirées de danse. Les familles sont orientées vers le centre pour handicapés mentaux par les services sanitaires, le service social, les écoles et les médecins. Les enfants sont ramassés chaque jour par des bus. La prise en charge débute par une période d’observation pour la mise en place du projet individuel, pendant laquelle les parents sont invités mais pas impliqués. « Les enfants jeunes sont mis dans des groupes de développement des aptitudes, c’est à dire de leur capacité d’autonomie ». L’étape suivante est celle de la formation : « nous visons l’insertion socio-économique. C’est à dire un revenu quotidien et donc un savoir faire. Nous avons aujourd’hui trois cas de réinsertion réussie. » Mr Noureddine Labiadh reconnaît que le pourcentage est faible mais, nous dit-il, « une réussite de 3%, c’est beaucoup. » Il nous cite un exemple, celui d’un jeune handicapé mental qui travaille et a une famille. Il nous explique qu’en Tunisie, il est possible de trouver une femme qui accepte de se marier avec un handicapé qui lui assure une subsistance et qu’en échange elle devient « son tuteur ». Dans l’exemple cité par Mr Noureddine Labiadh, cette femme a eu une fille de son mari. « Au début, l’aspect du bébé nous donnait à penser que son avenir était dans notre centre. Mais toute la famille s’était mobilisée et a stimulé la petite fille. Aujourd’hui, elle est parmi les meilleures à l’école. » Le directeur du centre insiste donc sur les caractéristiques culturelles à prendre en compte dans la réinsertion.

 

06-Francoise-5.1.15Mr Noureddine Labiadh nous présente Françoise, infirmière psychiatrique française domiciliée à Zarzis, qui apporte son savoir faire dans le centre. Elle a fait sa carrière en France et a longtemps exercé dans des structures extrahospitalières du Dr Bléandonu, à Chambéry.

 

Le directeur nous accompagne alors dans la visite du centre, en particulier des ateliers distribués autour d’un patio fleuri, qui fonctionnent avec des matériaux de récupération (plastic, fils métalliques, carrelage etc…). En plus des activités de jardinage dans le vaste terrain en partie arboré et parfaitement entretenu qui entoure le bâtiment. La création artistique est au cœur des activités en ateliers. Ainsi, avec une certaine nostalgie, il nous fait visiter un atelier qui travaillait avec du fil métallique de récupération et qui était animé par un bijoutier retraité qui vient de décéder et n’a pu être remplacé. Nous visitons également un atelier pour les filles axé sur la couture et le patchwork.

 

07-Autistes-Zarzis-5.1.15Mais l’atelier dans lequel nous nous attardons le plus, pratique la calligraphie avec de la mosaïque. Un handicapé armé d’une pince, découpe en petits carrés du carrelage. Mr Noureddine Labiadh détaille l’intérêt de ce travail : « nous avons été confrontés à une propension à détruire. Le fait de passer des journées entières à réduire en petits morceaux des carreaux calme cette pulsion. Ensuite, il y a le tri en fonction des couleurs pour mettre en forme les éléments constitutifs de la mosaïque. Puis la disposition pour donner forme à l’écriture. Cette activité est d’une grande richesse quant aux potentialités qu’elle développe. » Lors de la poursuite de la visite , le directeur fait observer l’entretien impeccable et la propreté des locaux auxquels sont associés les handicapés et autistes.

 

Au total, nous avons découvert un centre dynamique malgré des difficultés temporaires liées au contexte économique difficile de la période transitoire post-révolutionnaire. Nous faisons le souhait, en ce début d’année, qu’il reprenne son envol. Et nous sommes heureux de l’associer à notre futur congrès Psy Cause de Juin 2016.

 

Jean Paul Bossuat

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1 Commentaires

  1. Commebonjour nous une association agim douz qui et en tunisie +216 92 022 206 ou +216 94178681 agim douz rue de route de louage douz 4260 association agim douz et une association pour enfants et adulte handicape nous vous sollicitation pour des projet pour améliorer les capacités pour les enfants en situation handicape nous attendons votre offre veuillez agréer mes salutation dans d une réponsentaire *