Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Les prises d’otages français au Cameroun (soutenance de mémoire à l’IRIC)

En cette matinée du 21 janvier 2015, une étudiante de l’IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun), membre de Psy Cause Cameroun, soutient son Mémoire de Master Professionnel dont le thème est « Les prises d’otages français au Cameroun. Communication sur la sécurité nationale et image du Cameroun ».

 

01-Sipora-soutenanceSipora Ngo Nyobe, puisqu’il s’agit d’elle, dit que les objectifs de son travail sont de présenter non seulement le rôle des médias dans la promotion de l’image de marque du Cameroun, notamment dans le cadre des prises d’otages français de 2013, mais aussi l’action gouvernementale camerounaise en matière d’information de la population sur les risques relatifs à la sécurité nationale. Elle tient à rappeler que le rayonnement international est l’un des fondements politico-idéologiques de la politique étrangère du Cameroun. Ainsi dit, la circulation de plus en plus intense de l’information, des biens et de personnes expose la paix et la sécurité à de multiples menaces au rang desquelles la criminalité transfrontalière avec la prise d’otages comme moyen d’oppression de plus en plus utilisé. Le Cameroun n’échappe pas à cette triste réalité, bien que reconnu comme un pays de paix et de stabilité.

 

02-CarteDepuis 2013 en effet, l’insécurité est l’une des préoccupations majeures du gouvernement camerounais. L’événement majeur de cette crise et qui d’ailleurs fait l’objet de cette étude a été l’enlèvement de huit (08) ressortissants français dans le septentrion par les membres de la secte islamique Boko Haram que les camerounais appellent encore affectueusement « Beignet Haricot » ou « Bande de Hérisson », voués à la mort. Ces ressortissants seront libérés quelques mois plus tard à la suite des négociations diplomatiques. Bien que ce ne soit pas leur objectif principal, les médias, à travers la couverture de ces incidents, ont façonné une certaine image du climat sécuritaire du Cameroun, car le fait de parler d’un pays et de se focaliser sur ces éléments positifs ou négatifs le caractérisant permet de fabriquer une perception de celui-ci.

 

Au vu de cette situation, la question qui a servi de point de départ à cette étude était celle de savoir si les médias camerounais et étrangers ont présenté, à l’issue de ces prises d’otages, l’image d’un pays sécurisé. A cet effet, elle a avancé comme hypothèse principale que le traitement médiatique de ces prises d’otages a renvoyée l’image d’un Cameroun en décadence sur le plan sécuritaire, notamment dans sa zone septentrionale. De cette hypothèse principale en ont découlé les hypothèses secondaires selon lesquelles la couverture médiatique de ces prises d’otages n’a aucunement affecté l’image de marque du Cameroun et que la stratégie de communication menée autour de ces incidents a été d’un apport majeur dans la consolidation de cette image et du climat sécuritaire.

 

Les interrogations soulevées par la thématique du jour s’inscrivent à la fois dans le cadre des relations internationales et celui des sciences de l’information et de la communication. Sur le plan des relations internationales, le paradigme réaliste semble seoir à cette étude, en ce sens que la notion de sécurité en général est partie intégrante du réalisme qui soutient d’ailleurs que la défense de l’intérêt national ainsi que la protection de l’intégrité territoriale et des personnes sont à la base de la sécurité nationale. Sur le plan des sciences de l’information et de la communication, c’est surtout la communication de crise qui a le plus retenu l’attention de l’étudiante, car les prises d’otages dont elle fait allusion traduisent une situation de crise. Ajoutons à ceci la communication stratégique puisque la notion d’image en elle-même est stratégique.

 

03-Photo-Presse-1La population d’étude a été la presse camerounaise et étrangère, notamment française, compte tenu de la nationalité des otages. En procédant à un échantillonnage aléatoire simple, 12 journaux nationaux ont été sélectionnés et 08 sites de journaux français en ligne. La collecte des donné a consisté principalement à l’exploitation documentaire des articles parus dans ces journaux et portant sur les prises d’otages français. On y a relevé des propositions se rapportant à une perception positive ou négative du climat sécuritaire du Cameroun de même qu’à la gestion desdits incidents. A cela, elle a joint une guide d’entretien semi-directif qui a été conduit auprès des services du Ministère de la communication et la délégation générale à la sureté nationale. Toutefois, cette collecte de données n’a pas été aisée au vu de l’actualité et de la sensibilité du sujet. Afin de vérifier les hypothèses retenues, elle a eu recours à l’analyse de contenu. Celles-ci a permis d’établir une relation entre le contenu des médias et la réalité du climat sécuritaire camerounais. Par la suite, on procédé à une analyse interprétative des données recueillies sur la base du modèle de Lasswell, la communication. La théorie libérale a aussi servi de base d’interprétation des données dans la mesure où les partisans de ce paradigme soutiennent que la diplomatie peut être mutuellement bénéfique aux acteurs impliqués dans une situation de crise si elle est employée raisonnablement.

 

Ce travail est subdivisé en deux parties dont la première pose la problématique de l’image même du Cameroun sur le plan sécuritaire telle que renvoyée par les médias à la suite de la couverture de ces prises d’otages. Avant d’arriver à cette représentation médiatique, il a été présenté dans le premier chapitre les fondements ainsi que l’évolution de la politique de défense et de sécurité nationales du Cameroun. Le deuxième chapitre met en exergue les éléments de composition du label Cameroun proprement dit ainsi que les implications de cette médiatisation pour son image.

 

La deuxième partie s’est intéressée à la question des fondements de cette représentation médiatique peu élogieuse du climat sécuritaire camerounais. Une évaluation de cette couverture médiatique et de la communication gouvernementale orchestrée à cet effet a été proposée au chapitre 3. Le chapitre 4 a présenté la place capitale de la communication stratégique dans la gestion de politiques et de crises sécuritaires.

 

04-Photo-presse-2Il ressort de cette étude que les médias ont présenté ces incidents sous un angle peu favorable à l’image de marque du Cameroun sur le plan sécuritaire, soit 40,14% des articles lus. Ces derniers décrivent un pays dont l’absence de contrôle de ses frontières fait de lui un pays peu sécurisé, notamment sa zone septentrionale, par conséquent une zone à risques. Ladite zone servirait d’ailleurs de base arrière à la secte islamique Boko Haram et le taux d’enlèvements est en nette augmentation dans cette partie du territoire.

 

Cependant, cette couverture médiatique dépréciative n’a point terni l’image vraie du Cameroun, celle d’un pays de paix et de stabilité.

 

La crise internationale est aussi à l’origine de cette couverture médiatique peu favorable ; ceci est du au fait que l’accès à l’information relative à la sécurité nationale est restreint. D’après le droit international, la sécurité nationale est une raison suffisante pour évoquer la restriction à la liberté d’information.

 

Les questions de déontologie journalistique sont également à prendre en compte, car 22,74% des articles lus n’ont pas respecté les règles de la profession, notamment la règle des deux sources ou encore le regroupement de l’information.

 

05-monument-reunification-21.2.13La communication camerounaise en matière de sécurité nationale est relativement faible. En dehors des programmes d’éducation des masses (au service de tous et de chacun ; honneur et fidélité) diffusés sur la chaine de radio nationale, l’Etat camerounais ne communique pas véritablement sur la sécurité nationale, l’opinion publique ne peut que se fier à ce qui est relayé par les médias. D’où l’importance de l’intégration de la communication stratégique dans la gestion de politiques et de crises sécuritaires, car celle-ci contribue à la promotion de l’image de marque du pays tout en aidant à une meilleure gestion de crises y relatives, et une crise bien gérée est une véritable opportunité en termes d’image. Elle participe aussi à la concrétisation de la bonne gouvernance et la transparence, facteurs de bonne image d’un pays. Pour y parvenir, il est indispensable d’établir une relation de confiance avec les professionnels de l’audiovisuel. Partant de ce constat et de la mutation des menaces à la sécurité nationale, il ya lieu de dire que la communication camerounaise sur la sécurité nationale doit être planifiée au même titre que la stratégie de défense et de sécurité nationale. Ceci passe par un travail préalable de préparation, de formation et d’information des citoyens afin qu’ils soient suffisamment imprégnés de la « culture du risque » servant de ce fait le concept de résilience de la stratégie de défense et de sécurité nationale ; ceci passe également par l’anticipation stratégique ; c’est-à-dire l’analyse du risque à travers le veille médiatique, adaptant de ce fait la communication en matière de sécurité nationale au nouveau paysage médiatique.

 

06-Rodrigue-Kouamo,-Conseiller-en-communication-internationaleAprès cette soutenance et dans la salle des fêtes de l’IRIC, lorsque les amis et la famille de la candidate se réjouissaient, Rodrigue Kouamo, qui avait suivi de bout en bout cette soutenance en raison des enjeux de cette étude dans son domaine de compétence, suggère qu’il y a mieux à faire au Cameroun dans le domaine de la communication, même en entreprise. Il compte d’ailleurs partager son expertise avec Psy Cause Cameroun et le Magazine « Humanis causa ».

 

 

 

 

 

Questions du Jury :

1- Pourquoi avoir choisi de travailler seulement sur les prises d’otages français alors qu’il y a eu des prises d’otages canadiens, chinois, etc ?

2- Quels sont les différents types d’image ?

Continuez à posez vos questions sur notre site Internet.

 

Une réalisation de Sipora Ngo Nyobe et Peguy Ndonko

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous