Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Palais des Papes d’Avignon, les 5 et 6 mai 2018 : Psy Cause au congrès d’art-thérapie de l’IRFAT

Par ce congrès intitulé « L’art-thérapie au risque du trauma », l’école d’art-thérapie d’Avignon, (l’IRFAT : Institut de Recherche et de Formation en Art-Thérapie), fête au Palais des Papes ses 20 années d’existence. Un partenariat a été finalisé le 21 février 2018 au siège de cette école entre le directeur de la revue de Psy Cause, le Dr Jean Paul Bossuat et le président de l’IRFAT, Mr Alain Gleize. Le Dr Thierry Lavergne, directeur de la cellule Psy Cause d’art-thérapie, est à l’origine de cet accord Psy Cause/IRFAT. Membre du comité scientifique du congrès, il intervient dans le programme scientifique, au titre d’une communication intitulée « Traumatisme, Créativité, Liberté ». De son côté le Dr Jean Paul Bossuat est invité à se charger du fonctionnement d’un stand Psy Cause.

 

La matinée du 5 mai, juste avant l’ouverture du congrès en début d’après midi, l’association Psy Cause International, tient son assemblée générale annuelle, en face, dans une salle de réunion de l’Hôtel du Palais des Papes. L’assemblée y valide à l’unanimité le principe de ce partenariat qui débute avec le colloque et est appelé à s’approfondir dans les années à venir.

 

En début d’après midi, les membres du bureau de Psy Cause font leur entrée au Centre International des Congrès du Palais des Papes : le vice président pour communiquer, le président, la secrétaire et la trésorière pour installer puis animer notre stand. Avant l’ouverture du stand au public lors de la longue pause de l’après midi, le rendez vous à ne pas manquer, pour les membres du bureau présents, est à 15h30 l’intervention du Dr Thierry Lavergne, laquelle se déroule devant un public de près de 180 participants.

 

Sa communication vient en troisième position dans le programme. Après le discours d’ouverture du Président Fondateur de l’IRFAT, Alain Gleize, interviennent en effet un art-thérapeute psycholoque clinicien qui anime un master d’art-thérapie à la Sorbonne (Université Paris V), Dominique Sens, puis la Présidente de la Fédération Française des Art-Thérapeutes (FFAT) qui regroupe à titre individuel plusieurs centaines d’art-thérapeutes et diverses associations d’art-thérapeutes sur l’ensemble du territoire national, Irina Katz-Mazilu. Le Dr Thierry Lavergne prend donc la parole après cette intervenante, artiste peintre et art-thérapeute, qui a partagé avec le public son questionnement intitulé « La renonciation, un ennemi intérieur ? »

 

Parmi les temps forts de la communication du Dr Thierry Lavergne, citons la présentation d’une œuvre publiée récemment dans le N°75 de la revue Psy Cause : « Cette œuvre est un acrylique sur papier publié dans le dernier numéro (75) de Psy Cause. Elle a été réalisée dans un atelier coordonné par l’Art Thérapeute Alain Dikann, qui réunit des prisonniers qui souhaitent préparer leur sortie… Si l’incarcération est souvent traumatique, la sortie de prison l’est aussi souvent, et cet atelier est une façon de lutter contre la récidive. » L’architecture de son exposé a pour point de départ la fonction essentielle de ce qui s’est joué pendant la petite enfance. Ainsi, constate t’il, le talent « s’appuie sur une sublimation efficace. Mais il n’est pas de talent sans un reste d’amour enfantin non sublimé, resté brut. » L’art révèle des contours de l’identité. De surcroit, ajoute t’il, la liberté est en lien avec la définition de l’identité « au sens de Paul Ricœur. »

 

Les organisateurs du congrès ont mis à notre disposition, dans une très jolie salle du Moyen âge, une table spacieuse équipée de panneaux d’affichage, ce dont nous les remercions. Nous avons fait le choix de présenter quatre affiches représentatives de nos actions passées dans le champ de l’art thérapie, en y ajoutant celle de notre congrès de Lomé de décembre prochain. Nous avons donc rappelé au public notre colloque de juillet 2002 à Uzès « L’art en Psychiatrie », notre colloque d’octobre 2010 à Béziers « L’art dans le soin », notre colloque Rochegude III d’avril 2016 « Les processus de création », le second symposium de Psy Cause Canada au 51ème congrès de l’AMPQ « De la recherche à la clinique : dialogue entre la science et l’art » de juin 2017 à Québec. Notre cinquième affiche présente notre XIIème congrès international « La Francophonie face à la mondialisation : famille et psychopathologies dans l’espace francophone » organisé du 4 au 6 décembre 2018 à Lomé par Psy Cause Togo.

 

Sur la table, nous proposons à la vente un choix de numéros de la revue Psy Cause susceptibles d’intéresser un public d’art-thérapeutes et qui sont représentatifs de la place de l’art-thérapie dans nos publications. Cinq numéros sont retenus : le N°62 (2013), qui comprend un dossier sur les médiations avec deux articles d’art-thérapie : « L’art en plus », de Rachel Bocher et Catherine Porcher, à propos d’un atelier d’art-thérapie au CHU de Nantes, et un article du pédospsychiatre, chef de pôle au Mans, Youssef Mourtada « L’art du patient et l’art du thérapeute » ; le N°72 (2016) avec un article intitulé « Guy de Maupassant et la possibilité hystérique », et en fin de numéro les débuts de la nouvelle rubrique pilotée par la cellule d’art thérapie de Psy Cause destinée à la publication d’œuvres de patients ; le N°73 (début 2017) avec un dossier sur l’art-thérapie, qui fut présenté à Québec dans le stand de Psy Cause ; le N°74 consacré aux actes du congrès de Saint Laurent du Maroni (Guyane) et le N°75 qui inclut l’œuvre de l’atelier d’Alain Dikann présentée par le Dr Thierry Lavergne dans sa communication.

 

Le N°73 suscite un vif intérêt du public en raison de son dossier sur l’art-thérapie qui met en valeur l’enseignement de l’IRFAT. La page de couverture reproduit une œuvre d’une étudiante de l’école d’art-thérapie d’Avignon, Michaëla Madar, qui écrit à son propos : « J’éprouve un réel plaisir à créer et me régale à remplir ce profil de couleurs vives et joyeuses. Je n’imagine pas un instant que ce dessin est une sorte d’arrêt sur image comme pour faire le point sur un avant et un après le 13 octobre 2014, jour de mon entrée à l’IRFAT. En effet, à travers ce dessin je parcours mon histoire personnelle : l’enfant me représente, petite, manquant de confiance, pleine de doutes, de craintes, s’identifiant trop à sa mère, tissant une image, cheminant dans un processus d’individuation…mais était-ce vraiment le sien ? À l’évidence non, d’où sûrement ce regard triste… Le principal est de réussir à se trouver, de s’accepter telle que l’on est, de se sentir ancrée et d’être en phase avec soi-même. C’est ce que je ressens aujourd’hui après ces 2 années de travail, m’acceptant enfin telle que je suis. » Ce témoignage publié dans le N°73, ne manque pas de faire écho avec les propos du Dr Thierry Lavergne sur la séquence art, identité et liberté.

 

Le Président Fondateur de l’IRFAT, Mr Alain Gleize, dès la première pause, nous fait l’honneur de visiter notre stand. Il réaffirme son intérêt pour notre revue en tant qu’outil adapté à la publication d’auteurs exerçant l’art-thérapie. À commencer par des communicants au congrès qui se déroule au Palais des Papes. Il ajoute que, selon lui, Psy Cause doit effectuer un retour en France, et, tout particulièrement à proximité de son siège, c’est à dire à Avignon et dans la région.

 

Des visiteurs de notre stand ont, de leur côté, soulevé un autre point : celui de la nécessité de continuer la publication papier. La tentation existe au sein même de Psy Cause de passer totalement à la version numérique compte tenu des difficultés croissantes de financement de la version papier. Divers interlocuteurs dénoncent la banalisation de l’information numérique, tandis que la revue papier peut être retrouvée dans une bibliothèque, partagée sur une table, lue et regardée en prenant le temps, a une consistance toute autre. Avec le numérique, il y a une perte, très sensible pour des art-thérapeutes pour lesquels une œuvre ne se résume pas à une banque de données. D’ailleurs, nos visiteurs nous ont certes questionné, après avoir feuilleté les exemplaires présentés dans notre stand, sur ce que nous mettons en ligne sur notre site, mais avec comme corollaire la possibilité de nous commander des numéros papier de leur choix. Ce qui va dans le sens de ce qui a été notre politique jusqu’à présent, à savoir une complémentarité interactive entre le numérique et le document imprimé.

 

Les revues papier, nous est il dit, deviennent peu nombreuses et elles sont précieuses. On nous demande de tenir et de continuer. Cela pourra être possible si les abonnés sont au rendez vous et si des sponsors perçoivent l’enjeu de nous soutenir. D’ailleurs, lors de notre assemblée générale de la matinée du 5 mai, le constat a été fait que le nombre des abonnements papier à Psy Cause n’est pas aujourd’hui dans une logique de réduction. Bien au contraire. Ce qui engage les responsables de Psy Cause (en France et dans les autres pays) à rechercher des solutions pour maintenir notre formule.

 

Nous avons beaucoup échangé avec les stands voisins. À commencer avec celui d’Arts Thérapie Plurielle, association qui rassemble un collectif d’art-thérapeutes certifiés de l’IRFAT. Nous y avons retrouvé deux organisatrices particulièrement investies dans la logistique du congrès, qui nous ont pilotés avec un grand sens de l’accueil et ont beaucoup facilité notre installation. Nous avons trouvé en elles des interlocutrices attentives et désireuses d’approfondir après ce congrès des liens avec Psy Cause. Perspective partagée par l’ensemble des membres du bureau de Psy Cause présents dans cette manifestation scientifique très réussie. Les anciens élèves de l’IRFAT et les membres de l’équipe de l’école ont travaillé la main dans la main, depuis 7 mois, pour réussir le challenge de tenir un congrès dans le cadre prestigieux du Palais des Papes.

 

La secrétaire de Psy Cause International a souhaité, au nom de notre association/revue, rendre visite au stand de la Fédération Française des Art-Thérapeutes et échanger avec la Présidente de cette association venue de Paris, Mme Irina Katz-Mazilu. Laquelle accepte bien volontiers d’établir un pont entre son organisation (dont l’IRFAT est membre) et Psy Cause. La FFAT a été fondée, coïncidence, la même année que l’IRFAT. Son site présente 9 organismes de formation en art-thérapie qu’elle a référencés : l’Association Régionale d’Art-Thérapie du Nord Pas de Calais (Puzzle) à Tourcoing, l’ATTP/CEFAT à Paris, le Centre Régional d’Etude et d’Enseignement de l’Art et de l’Art-Thérapie à Draguignan, l’INECAT (Institut National d’Expression, de Création, d’Art et Thérapie) à Paris, l’INFIPP à Villeurbanne, l’IRFAT à Avignon, l’Atelier à Genève, le Mouvement d’Art-Thérapeutes à Mezire près de Belfort, SCHEME à Ecully près de Lyon.

 

Nous pouvons évoquer à présent la dimension internationale francophone de ce congrès de l’IRFAT, laquelle fait écho à celle de Psy Cause. Plusieurs communicants ont fait le voyage depuis le Québec : Caroline Beauregard, professeure en art thérapie à Montréal, communique sur le thème « Jeu de sable à l’école pour soutenir le bien-être émotionnel et le développement cognitif d’enfants réfugiés » ; Jacinthe Lambert, art-thérapeute Docteure en psychologie, et Jasmine Desureault, intervenante en art à La rue des femmes (Montréal), communiquent sur le thème « Expérience d’art-thérapie sociale auprès de femmes en état d’itinérance et ayant vécu de multiples traumatismes ».

 

La communication d’Alain Gleize clôture les interventions scientifiques : intitulée « Le trauma là où on ne l’attendait pas … », elle met en évidence, entre autre, l’usage des mails adressés au thérapeute, lesquels font retour.

 

Avant la table ronde qui conclut le congrès, est organisé un intermède musical avec deux musiciens maniant avec dextérité guitare, banjo et trompette, provoquant des danses joyeuses dans les travées de la salle. Les membres de l’école et les diplômés exécutant des fox trots endiablés. Les organisateurs nous font ainsi agréablement passer le message quant à la philosophie du métier d’art-thérapeute tel qu’il est enseigné dans leur école, résumée dans le programme par une phrase : « En atelier d’art, l’individu est au service de la création ; en atelier d’art-thérapie, la création est au service de l’individu. »

 

L’objectif premier de ce congrès au Palais des Papes est de faire connaître le métier d’art-thérapeute : « un congrès d’art-thérapie est l’expression du dynamisme de cette profession, encore mal connue en France et néanmoins courante dans tous les pays européens et outre-Atlantique (…) Se réunir dans le lieu mythique du Palais des Papes permet d’espérer que les gestes artistiques qui y résonnent habituellement se prolongent par cette dimension humaniste à laquelle les artistes sont si sensibles. »

 

L’objectif second est, bien évidemment, de valoriser la qualité pédagogique de l’IRFAT, école d’art-thérapie d’Avignon. Des connexions au mouvement de l’art thérapie en France et au Canada, à l’université, sont mises en lien avec le choix symbolique du lieu d’implantation : « L’IRFAT, dès sa création, a en effet choisi de s’implanter en Avignon, ville d’art et de culture connue du monde entier. » L’école d’art-thérapie d’Avignon, qui célèbre son vingtième anniversaire en 2018, se constitue comme acteur de premier plan dans la formation des art-thérapeutes.

 

Accompagner l’IRFAT dans ses efforts pour la progression de l’enseignement de l’art-théapie est en parfaite cohérence avec le rôle de Psy Cause en international qui, par exemple, accompagne le développement de la santé mentale dans les pays africains francophones.

 

La table ronde finale regroupe l’ensemble des intervenants. Elle est l’occasion, pour le public, de dialoguer à propos du thème général. Lequel s’avère pertinent au regard des problématiques de notre société globalisée. L’argument rédigé par le comité scientifique en pose les contours : « l’art-thérapie nous permet-elle de redevenir sujet de notre vie face à la sidération du trauma ? Quels sont les outils spécifiques de l’art-thérapeute face à un syndrome post-traumatique ? La lutte contre le risque d’effondrement ne convoque t-elle pas inévitablement notre créativité ? Lors de ce colloque d’art-thérapie, nous allons explorer l’utilisation du processus créatif dans le traitement du traumatisme psychique. » Parmi les questions, citons celle du directeur de Psy Cause à propos de l’impact de la qualité du thérapeute sur les résultats de la prise en charge, finalement plus important que celui des références théoriques. Cet impact majeur fait consensus parmi les communicants.

 

Nous terminerons ce compte rendu par les échanges de qualité que le Dr Thierry Lavergne a pu avoir avec Dominique Sens, au long du congrès. Ce dernier, nous l’avons dit, anime un master d’art-thérapie à la Sorbonne. Le site de la FFAT écrit : « En France, la première formation initiale en art-thérapie a été créée en 2011 à Paris Cité Sorbonne/Université Paris V, sous la forme d’un master professionnel et de Recherche. Tous les autres enseignements sont actuellement dispensés dans le cadre de la formation continue. Ceci suppose que le candidat à la formation a déjà un bagage professionnel et personnel, lorsqu’il se dirige vers le métier d’art-thérapeute. » Il existe de nos jours plusieurs diplômes d’université mais seul le master délivre un titre universitaire. La référence de l’IRFAT à ce master et au référencement de la FFAT illustre le solide positionnement de l’école d’art-thérapie d’Avignon. Dominique Sens a fait part au Dr Thierry Lavergne de son accord pour établir des relations de travail avec Psy Cause.

 

Au total, notre engagement à l’initiative de notre directeur de la cellule Psy Cause d’art-thérapie, le Dr Thierry Lavergne, dans les deux journées de participation partenaire à ce congrès, a ouvert des perspectives nouvelles. Nous remercions Mr Alain Gleize et son équipe pour la qualité de leur accueil et leur confiance.

 

Jean Paul Bossuat

 

 

 

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