Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Partenariat Psy Cause et France Bénin Vaucluse

077-Gélédé-12.2.0816-Conte18-La-Pagode20-Salle-d'activité19-PharmacieGeneviève Badoc, psychologue avignonnaise, est venue du 4 au 18 novembre 2010 soutenir le personnel d’un centre pour enfants psychotiques situé à 65 Km de Cotonou dont 35 Km de pistes du côté de Ouidah, accompagnée de sa collègue Anne Rivet, membre du comité de rédaction de Psy Cause. Ce centre Vidjingni a été construit avec l’aide d’une ONG suisse (Terre des hommes). Sœur Sabine, infirmière puéricultrice, est venue s’y installer en 1995 avec les premiers enfants. Elle est assistée de 7 sœurs de sa communauté (sœurs Augustines). Toutes ces religieuses sont Béninoises. L’idée de créer une ferme est venue à Sœur Sabine à la suite d’un séjour en Italie dans un hôpital où la ferme faisait travailler et nourrissait les patients. La ferme devrait permettre l’autosuffisance alimentaire et financière. Le centre accueille 21 jeunes de 5 à 37 ans dont 7 filles, quelques unes sont de pays voisins. Sœur Sabine accueille les enfants à condition :

– qu’ils soient orphelins et qu’ils n’aient pas de famille pour s’occuper d’eux

– qu’ils aient des troubles psychiques et qu’ils aient été reçus en consultation psychiatrique.

Ce sont très souvent des enfants abandonnés et trouvés. Les enfants reçoivent souvent le prénom du Saint du jour pour se rappeler de la date de leur arrivée.

Les jeunes sont entourés par 5 « tatas » (nom donné aux femmes qui s’occupent de ces jeunes). La plus ancienne y est depuis 8 ans et dirige l’équipe. Elle a négocié de pouvoir rentrer dormir au village le soir. Elle a un CAP de comptable et parle français. Trois autres sont là depuis deux ans et une depuis quatre mois. Deux d’entre elles parlent un peu le français mais pas les deux autres qui n’ont jamais été à l’école. Elles gagnent 35000 francs CFA par mois (environ 28 euros), dont 18000 leur est retiré pour leur pension. L’équipe est actuellement insuffisante. Il faudrait deux ou trois tatas supplémentaires pour leur permettre d’avoir un jour de repos par semaine. Elles attendent d’avoir fêter Noël au centre pour avoir leur congé en famille. D’après Sœur Sabine ce sont des personnes en difficulté qui ont été contentes de trouver un travail pour permettre à leurs enfants d’étudier. Au regard des difficultés de la vie quotidienne dans le pays, elles ne se plaignent pas de leur sort.

À cette équipe s’ajoutait une kinésithérapeute qui, enceinte, a cessé de venir au cours de cette année 2010. Le psychiatre vient surtout pour les jeunes qui sont en fauteuil roulant ou intransportables du fait de la difficulté à les gérer, les autres se déplacent éventuellement à son cabinet. Tous ont des traitements sauf deux enfants : Jean de Dieu et Antoinette. Le financement des traitements est problématique. Actuellement il existe 7 parrainages de 20 euros par mois et par personne et Sœur Sabine doit se démener pour récolter des dons pour assurer le traitement de tous. Elle a passé un contrat avec une entreprise pharmaceutique locale qui lui fabrique des génériques.

Sœur Sabine dit que les gens du village n’ont pas compris quand elles sont venues s’y installer pourquoi elles s’occupaient de ces enfants ; maintenant le village accepte mieux parce qu’il voit les enfants grandir et en progrès. L’infanticide est interdit au Bénin. Il y a des croyances, comme l’enfant qui pousse sa première dent sur la mâchoire inférieure porterait malheur. Dans certaines régions, les enfants susceptibles de porter malheur ou handicapés étaient renvoyés à la mer sur une calebasse ou dans un radeau, ils se noyaient. Celui dont la mère est morte en le mettant au monde serait un enfant sorcier. C’est le cas de Carlo recueilli avec le cordon ombilical. Les matrones qui s’en sont occupé l’ont vraisemblablement délaissé en raison de leur croyance. Les jumeaux peuvent porter bonheur ou malheur. Cependant certains parents les élèvent, alors que d’autres les délaissent, les abandonnent car ils ne peuvent pas travailler.

Le centre a reçu la visite d’agents envoyés par le ministère de la famille, deux sociologues en mission pour faire un état des lieux et un recensement des besoins des orphelinats du Bénin. D’après eux il n’existe pas d’autre lieu dans le Bénin qui accueille des enfants avec des troubles psychiques dont certains sont associés à diverses formes de handicaps moteurs ; l’hôpital psychiatrique Jacko à Cotonou n’accueille pas d’enfants, la prise en charge de ces enfants est le fait de communautés religieuses ou d’initiatives privées.

Geneviève Badoc a rédigé un article à paraître dans la revue Psy Cause où elle décrit diverses activités soignantes dans ce centre : activité conte, activité motrice, jeux, réunions institutionnelles. Sa venue a été sollicitée par Monique Wagner présidente de l’ONG France Bénin Vaucluse et secrétaire de rédaction à l’Afrique subsaharienne dans la revue Psy Cause très présente au Bénin. Monique Wagner met en œuvre dans ce pays une synergie entre France Bénin Vaucluse et Psy Cause.

Si des lecteurs souhaitent soutenir l’action de France Bénin Vaucluse, ils seront les bienvenus le 25 juin 2011 à 15 heures à Avignon, salle de la Durance, 3077 avenue de la Croix rouge. Ils pourront assister à une conférence de l’Association France Bénin Vaucluse avec Geneviève Badoc, Anne Rivet Psychologues, Virginie ROMER Soutien scolaire, Monique WAGNER EVRARD Présidente de l’association, avec la participation de Sophie ROUX Professeur d’Histoire de l’Art à propos du Patrimoine Béninois à Abhomey, suivie d’un pot de l’amitié. Une vente d’artisanat béninois axé sur les instruments de musique y sera mise en place.

Jean Paul Bossuat

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