Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Psy Cause en République Démocratique du Congo

01-Samuel-Mampunza-2Dans le N°67, la revue Psy Cause publie en février 2015 (numéro du quatrième trimestre 2014), son premier article originaire de la RD Congo. Lors du premier congrès de la SASM (Société Africaine de Santé Mentale) à Ouagadougou en février 2014, il avait été établi avec le Pr Samuel Mampunza, doyen de la faculté de médecine de Kinshasa et rédacteur de la revue Psy Cause, en tandem avec le Pr Gilbert Mananga Lelo, lui aussi rédacteur de notre revue, le principe d’un partenariat. Ce dernier consiste dans la mise en place une dynamique Psy Cause dans ce pays qui est le second pays francophone de la planète avec ses 35 millions de locuteurs francophones (sur 65 millions d’habitants) selon les statistiques de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie). Le Pr Samuel Mampunza faisait à Ouagadougou son entrée dans le comité de lecture de notre revue. Le Pr Gilbert Mananga Lelo écrivait le 28 février 2014  pour remercier de la lettre d’information mensuelle : elle « a permis aux absents dont moi de vivre ce grand événement de psychiatrie qui venait de se dérouler à Ouagadougou. Tu as vu mon maître le Pr Samuel, on va se battre pour mettre sur pieds Psy Cause RDC, nous avons des publications qui te parviendront bientôt. »

 

02-ManangaLors de notre Assemblée Générale consacrée à l’Afrique le 26 août 2014, nous avons convenu d’envisager une rencontre à Kinshasa, laquelle intéresse notre rédacteur toulousain, le Pr Gérard Pirlot dans le cadre de son laboratoire universitaire de psy interculturelle. Et le 23 septembre 2014, le Pr Gilbert Mananga Lelo écrivait de nouveau au Président de Psy Cause International : « sans préjudice de l’avis de mon mentor, le Pr Samuel, qui me lit en copie et qui vous donnera les détails, je vous souhaite d’avance la bienvenue dans la capitale de la RDC au cœur de l’Afrique pour le bonheur et la naissance de Psy Cause RDC, portez vous bien et à bientôt à Kinshasa, Gilbert. »

 

03-CNPP-KinshasaNotre première réalisation concrète de ce partenariat est la publication de ce premier article congolais dans la revue Psy Cause, qui traite du phénomène des « malades mentaux errants de la ville province de Kinshasa. » Les auteurs de ce travail sont deux neuropsychiatres du CNPP (Centre NeuroPsychoPathologique) de Kinshasa : les Drs Michel Saïd Mbuku Nguala (auteur principal) et Faustin Tshamala Kalala, ainsi que deux Professeurs neuropsychiatres : le Pr Gilbert Mananga Lelo, vice doyen de la faculté de médecine de Kinshasa et directeur du CNPP, et le Pr Sébastien Kinsala Ya Bassi, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Kinshasa et chef de département au CNPP. Au total, ce sont donc quatre neuropsychiatres du CNPP qui ont contribué à cet article. Lorsque, le 13 mars 2014, le Dr Michel Saïd Mbuku Nguala nous écrivait pour soumettre ce texte, il précisait : « votre revue nous intéresse au point qu’elle sera  parmi nos outils de publications scientifiques. Merci d’avance et franche collaboration. »

 

04-KinshasaLe phénomène d’errance des malades mentaux constitue un problème de toutes les grandes villes du monde, annoncent ces auteurs qui ajoutent : « La ville province de Kinshasa n’échappe pas à cette réalité d’errance des malades mentaux. À l’issue des tentatives infructueuses de traitement, certaines familles, compte tenu du lien parental très fort, préfèrent garder leur malade à la maison ligoté ou non selon qu’il est agressif ou pas, mais d’autres familles préfèrent les pousser dans la rue parce que devenus gênants. » Leur étude a eu pour objectif de dresser le profil clinique et sociodémographique des malades mentaux errants récupérés dans les grandes artères de la ville province de Kinshasa du 04 au 12 octobre 2012. Elle a porté sur 213 malades mentaux hospitalisés au Centre NeuroPsychoPathologique de l’université de Kinshasa. Cette étude (à lire dans le N°67 de notre revue) a montré que le phénomène d’errance de malades mentaux était l’apanage des sujets jeunes, peu instruits, consommateurs des substances psycho actives, célibataires de sexe masculin, provenant des provinces connexes à la ville de Kinshasa et que la schizophrénie en était le tableau clinique le plus fréquent.

 

Cet article témoigne d’un important effort en faveur des soins psychiatriques dans la capitale d’un pays immense, d’une superficie à peu près équivalente à cinq fois celle de la France. Nos interlocuteurs ne nous avaient pas caché en février 2014 à Ouagadougou les problèmes logistiques rencontrés pour les soins dans les provinces. La psychiatrie en RD du Congo devrait connaître dans les années à venir d’importants développements.

 

Jean Paul Bossuat

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