Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Psy Cause et l’université de Tlemcen

Les relations entre Psy Cause et Tlemcen sont une longue histoire et s’originent dans des liens entre le Centre Hospitalier de Montfavet (Avignon) et le CHU de cette ville de l’ouest algérien. Notre revue était alors très implantée dans les différents services de l’Hôpital Psychiatrique du Vaucluse et reconnue par la direction comme une revue de l’établissement. Le Centre Hospitalier de Montfavet entretenait des échanges avec le service de psychologie du CHU de Tlemcen créé et financé par le gouvernement algérien pour traiter les états de stress post traumatique des victimes de la guerre civile. Son psychologue chef, rencontré à Avignon par des responsables de Psy Cause, Mr Mohamed Tadlaoui, faisait très tôt son entrée dans la revue.

 

02-TadlaouiDans notre premier dossier thématique du N°20/21 de Psy Cause consacré à l’Afrique (avril à septembre 2000), Mr Mohamed Tadlaoui annonçait la création en avril 1999 de la première unité de psychologie clinique algérienne, au CHU de Tlemcen, unité dont il était le psychologue principal. En 2003 (Psy Cause N°33), il publiait avec le Dr Reda Benosman, médecin chef du service de psychiatrie du CHU de Tlemcen, un article intitulé « Pratiques psychiatriques » sur les particularités de la psy en terre d’Islam. En 2005 (N°39 de Psy Cause), un petit texte écrit par deux psychologues de Tlemcen (l’une de l’université, la Dr Djaouida Benosman, et l’autre du CHU, Mme Meryem Tadlaoui) abordait à propos du trouble post traumatique, l’insuffisance du DSM IV pour rendre compte des troubles générés par la terrible guerre civile qui venait de faire 100000 morts en Algérie. Les auteurs notaient cinq signes spécifiques au contexte : l’accentuation des troubles lors de l’Aïd el Adha (où l’on égorge le mouton), un doute sur les convictions religieuses alors que l’on cherche refuge dans la religion, une perte de confiance en ses proches, un refus de toute aide y compris des médecins, et, enfin, une peur démesurée des hommes qui portent une barbe (!). En décembre 2006 (N°46 de Psy Cause), Mohamed Tadlaoui entrait dans le vif du sujet avec un article poignant (« Psychotrauma et pack ») qui décrit le calvaire psychologique du seul survivant parmi les travailleurs d’une usine qui avaient été égorgés dans la nuit du 5 août 1994. Achevé à la hache, il avait été miraculeusement sauvé par la chirurgie. Il s’était ensuite marié, eut un nouveau travail, des enfants, jusqu’en 2004 où il était terrassé par un état de stress post-traumatique qui sera soigné avec succès par une pratique du pack apprise au Centre Hospitalier de Montfavet. Dans un article paru dans notre revue en mai 2012 (N°60), Mr Mohamed Tadlaoui, rédacteur de Psy Cause depuis 2010 après dix années comme correspondant étranger, brossait un historique de la pédopsychiatrie dans l’ouest algérien.

 

03-UT1Le coup d’envoi d’une collaboration avec l’université de Tlemcen se déroulait au premier semestre de l’année 2013. Dans le N°62 de la revue Psy Cause (paru en mars 2013), la Dr Djaouida Benosman, Docteur en psychologie et Maître assistant au Département de psychologie de l’université de Tlemcen, nous proposait un travail de recherche sur l’efficacité des thérapies cognitives dans le traitement de la dépression. L’intérêt de cet article dans notre revue est le regard critique sur cette approche thérapeutique. Son étude montre que la thérapie cognitive améliore les choses au niveau symptomatique sur le moment mais a peu d’impact sur les troubles de la personnalité sous-jacents qui favorisent les rechutes. Elle prend soin de dire que cette approche thérapeutique est une parmi d’autres : elle a son utilité mais n’est pas une panacée. Cet article était un exemple de l’esprit critique et non dogmatique des praticiens algériens, à l’université Aboubakr Belkaid de Tlemcen en particulier.

 

04-Grande-salle-universite-TlemcenDans un courriel en date du 12 juin 2013, notre rédacteur algérien Mohamed Tadlaoui nous écrivait, après consultation de psys algériens : « oui pour une section Psy Cause Algérie dont madame Bénosmane Djaouida va s’occuper. C’est une enseignante en psychologie à la faculté de Tlemcen (déjà venue deux fois avec moi au Centre Hospitalier de Montfavet cette année). Elle va vous proposer la fin de l’année 2013 pour l’inauguration et une journée de conférences. » Ce courriel était suivi d’un échange téléphonique qui précisait les choses. Il était envisagé que la cérémonie d’inauguration à Tlemcen du siège de Psy Cause Algérie, comporterait une journée d’échanges qui associerait des professionnels algériens et des responsables de Psy Cause International et de la revue Psy Cause.

 

Cette structure « Psy Cause Algérie » devait être fondée par des psys du CHU et de l’université de Tlemcen et accueillerait très vite des psys d’autres régions de l’Algérie. C’était le statut associatif qui était visé mais le contexte historique algérien récent imposait un long processus pour y parvenir. Donc dans un premier temps, Psy Cause Algérie qui a un but scientifique, fonctionnerait sur le modèle du club universitaire. Cette instance serait identifiée au sein du mouvement Psy Cause, comme une section autonome de Psy Cause International avant de devenir une association membre, sur le modèle de Psy Cause Cameroun. Le psychiatre chef de service du CHU de Tlemcen, le Dr Réda Bénosmane, qui entrait au comité de rédaction francophone, faisait connaître son intention d’adhérer à Psy Cause International et ainsi d’y représenter la section/future association. Mme Meryem Tadlaoui, Maître assistant en psychologie à l’université de Tlemcen, devenait secrétaire de rédaction afin de coordonner les auteurs algériens dans Psy Cause.

 

05-UT3Lors de la réunion revue/association de Psy Cause le 17 décembre 2013 à la bibliothèque du Centre Hospitalier Edouard Toulouse à Marseille, Mme Marie José Pahin, psychologue rédactrice en chef, confirmait sa participation à l’inauguration de Psy Cause Algérie organisée avec des communications scientifiques. Le 3 décembre 2013, Mme Djaouida Benosmane avait confirmé par courriel l’invitation de l’université de Tlemcen : le doyen est d’accord pour prendre en charge, courant avril 2014, le séjour du Dr Jean Paul Bossuat et de Mme Marie José Pahin sur place et sur la base de trois nuitées. Ce séjour prévoyait une conférence de psychologie à l ‘université et « l’inauguration d’une entité Psy Cause avec signature d’un protocole. » Malheureusement, ce projet n’a pu se réaliser en avril 2014 compte tenu de l’indisponibilité à cette époque là du Dr Jean Paul Bossuat pour raison de santé. Dans le même temps, l’année 2014 s’est enrichie d’autres perspectives en Algérie, en particulier avec un partenariat avec l’ARIC (Association de Recherche InterCulturelle) dont la présidente, la Pr Fatima Moussa, est une universitaire à Alger. Nous recevions également en novembre 2014 une demande de collaboration de Mme Sabrina Gahar, enseignante à l’université d’Alger 2 et vice rédactrice en chef de la revue FOREM « Enfance ».

 

06-Meryem-TadlaouiLe 5 décembre 2014, Mme Meryem Tadlaoui confirme le report à 2015 de l’inauguration/colloque, rappelant que la demande à Tlemcen est que le thème des échanges scientifiques soit la résilience. Elle publie un article dans le N°67 de la revue Psy Cause, numéro du dernier trimestre 2014 à paraître en début d’année 2015. Son travail porte sur la résilience. Elle écrit : « le travail que nous présentons est une tentative de description des caractéristiques cognitives de la personnalité résiliente chez les victimes du terrorisme dans la wilaya de Tlemcen en Algérie. » Son article concerne des victimes de la guerre civile qui fit 100 000 morts dans les années 1990 et concerne la mission du service de psychologie du CHU de Tlemcen. Parmi les cas cliniques évoqués par l’auteure, signalons celui ci : « ND : homme âgé actuellement de 52 ans. Il y a quelques années, les terroristes se sont introduits chez lui pendant la nuit pour l’égorger devant sa famille et mettre le feu à sa maison. Il avait été auparavant averti comme tous les autres vignerons, qu’il ne devait pas vendre son raisin à la cave de vin. Ligoté, il est placé sur le genou du terroriste … et c’est là qu’il se rappelle qu’il avait des papiers qui prouvaient qu’il avait vendu sa récolte à un mandataire au marché de gros… il est sauvé. »

 

Elle nous signale par ailleurs dans son courriel du 5 décembre 2014 que, dans le cadre de sa fonction de secrétaire de rédaction pour l’Algérie, elle est en rapport avec des auteurs qui travaillent sur l’autisme. Et ajoute le 23 décembre 2014 que d’autres auteurs la contactent également en vue d’une publication dans notre revue. Au total, l’année 2014 a été, en Algérie, très porteuse d’une dynamique en lien avec Psy Cause.

 

Jean Paul Bossuat

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2 Commentaires

  1. Je suis Sarah Bendiouis, doctorante en psychopathologie du développement à l’université de Tlemcen. Je travaille sur les particularités du fonctionnement psychologique chez les enfants atteints d’autisme, et plus particulièrement sur le développement de la communication chez le jeune enfant avec autisme.
    Je tiens à féliciter tous les membres fondateurs de la revue Psy Cause pour le travail remarquable et les efforts qui’ils fournissent pour l’avancement de la recherche scientifique dans le domaine de la psychologie. Je tiens également à encourager la collaboration établit entre Psy Cause et l’université de Tlemcen. Cette collaboration ne fait que encourager les étudiants et les doctorants chercheurs à effectuer des études et à mettre en valeurs des résultats portant sur le milieu et la population algérienne. Encore une fois BRAVO et bon continuité.

  2. Bonne continuité pardon.