Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Psy Cause au fil de ses stands archivés

À la suite de notre congrès de Carcassonne le 10 juin 2005 (après un parcours de dix années), il fut décidé de réaliser des stands de Psy Cause avec présence d’une documentation et d’affiches illustratrices de nos colloques et activités. Nous proposons à nos lecteurs la restitution d’une brève chronique de notre association/revue selon le prisme de nos stands archivés par des documents photographiques. Cette chronique ne peut prétendre être exhaustive mais elle s’articule autour de bornes symboliques : des stands que l’on s’est donné la peine de mettre en place et de photographier.

 

01-laragne-23_3_06Notre premier stand conforme au cahier des charges de 2005 et documenté, a été mis en place du 22 au 24 mars 2006 au Centre Hospitalier Spécialisé de Laragne (Hautes Alpes). Nous étions les invités du Dr Dimitri Karavokyros, dans le cadre de ces XXèmes Journées de Laragne organisées par l’Association de Formation et de Recherche des Personnels de Santé des Hautes Alpes (AFREPSHA), lesquelles avaient pour thème : « Psychiatrie : espace de rencontre ou quand on aime on a toujours 20 ans … ». Ces rencontres sont centrées sur la psychothérapie institutionnelle et le ton y est donné par Oury, lequel met en cause les médecins des hôpitaux psychiatriques qui auraient été, selon lui, « achetés » par l’Etat pour ne plus s’occuper des hôpitaux : « ils n’auraient jamais dû renoncer à assurer la direction de l’hôpital. Il n’est pas admissible qu’un bureaucrate fasse la loi à l’hôpital. »

 

02-vaison-8_6_06En cette année 2006, les derniers ténors de la psychothérapie institutionnelle encore en activité donnent de la voix. Le lieu qui a été le terreau de la fondation de Psy Cause, à savoir l’hôpital psychiatrique héritier de la loi de 1838 et de la révolution humaniste institutionnelle des lendemains de la seconde guerre mondiale, vivait ses ultimes moments féconds. Trois mois plus tard, en juin 2006, Psy Cause tenait à Vaison la Romaine son dixième colloque national sur le thème de la psychothérapie institutionnelle. Près de deux cent participants et un plateau de personnalités engagées dans ce courant (dont les Drs Karavokyros, Bokobza et les principaux chefs de service concernés du Centre Hospitalier de Montfavet) ont fait de cette manifestation scientifique l’un de nos derniers grands rassemblements en Hôpital Public. (Il n’a pas donné lieu à un stand mais tout de même à une remarquable pièce montée archivée et publiée ci contre).

 

Il n’y aura ensuite que nos congrès d’Antibes (2007) et du Mans (2009) à y engager ainsi un vaste public pluridisciplinaire. Notre dernière journée scientifique en milieu hospitalier sur ce thème (« Transmettre »), prendra acte le 10 mars 2010 de la fin d’une époque créatrice portée par une même génération et posera l’urgence de créer les conditions de la transmission de savoirs faire. Un peu plus de deux années plus tard, le départ des derniers membres actifs représentant ce courant dans Psy Cause mettra un point final temporaire à une réflexion sur la psychothérapie institutionnelle au sein de notre association/revue.

 

03-marrakech-11-6-10Notre second stand référencé est celui qui fut aménagé à Marrakech en juin 2010 à l’occasion de notre VIème congrès international qui avait pour thème « Corps et langage. Quand l’esprit parle au corps. » Cette manifestation scientifique était la troisième en Afrique Méditerranéenne. Rappelons en 2003 (Alexandrie et Le Caire) et en 2005 (Assouan) nos deux congrès franco-égyptiens. Jusqu’à cette année 2010, la direction du Centre Hospitalier de Montfavet n’avait cessé de nous associer à la valorisation de l’établissement en international. Nous lui devons d’avoir eu les moyens d’ouvrir au monde notre revue. Et de pouvoir continuer ensuite dans un contexte moins favorable.

 

Au niveau organisationnel, deux psychologues du Centre Hospitalier de Montfavet se sont associées pour le montage de cette manifestation, ce qui est une nouveauté car jusqu’à présent le management avait toujours été médical.

 

Le congrès de Marrakech survint quelques mois avant le « printemps arabe » qui allait générer un contexte peu propice à l’organisation de colloques.

 

04-beziers-22-10-10Cette même année, le 22 octobre 2010 à Béziers, nous avons notre troisième stand à avoir fait l’objet d’un archivage photographique. Il s’agit d’une exposition rétrospective de nos activités dans un espace convivial mitoyen de la salle de conférences. Ce XIVème colloque national organisé au niveau du Centre Hospitalier de Béziers, a pour thème « l’art dans le soin ». Il est managé par l’atelier d’art thérapie du Centre Camille Claudel (le service de psychiatrie de cet hôpital général). L’organisation locale a entièrement reposé sur le service infirmier, quasiment sans soutien médical.

 

Le public est au rendez vous malgré des 05-beziers-22-10-10conditions de déplacement très défavorables : grève des chemins de fer et blocage des stations service. La crise économique mondiale impacte le contexte social. L’art thérapie, et plus largement la médiation artistique, sont un nouvel espace d’échanges qui prend quelque peu le relai de la psychothérapie institutionnelle. D’ailleurs, après sa mise en veilleuse fin 2012 au niveau de Psy Cause France, ce courant fera retour en 2015 avec l’arrivée d’une nouvelle référente de la psychothérapie institutionnelle, en la personne d’une éducatrice spécialisée qui exerce dans un IME de Montpellier où l’art thérapie côtoie la psychothérapie institutionnelle.

 

06-siem-reapNotre quatrième stand archivé est au Cambodge, le 20 novembre 2012 à Siem Reap (Angkor), dans le cadre d’un congrès dont le thème est le bouddhisme en psychiatrie et dans les psychothérapies. Notre association/revue a, deux mois plus tôt, modifié ses statuts pour y intégrer sa dimension internationale francophone. Elle prend pied en Extrême Orient. La prise en compte d’une clinique d’inspiration bouddhiste allait par la suite connaître des développements : au Canada avec la thérapie de pleine conscience et au Japon avec la thérapie de Morita. Un autre développement sera la reconnaissance de l’œuvre de reconstruction de la psychiatrie cambodgienne après le génocide des Khmers Rouges, par le président de notre congrès, le Pr Ka Sunbaunat, lui même un rescapé de ce terrible massacre. Ce dernier recevra en 2014 lors du congrès mondial de psychiatrie de Madrid, en présence du Pr Raymond Tempier (Ottawa) représentant de Psy Cause auprès de la WPA, qui l’avait recommandé, le prix de Genève des droits de l’homme en psychiatrie.

 

07-4cipmNotre cinquième stand archivé est au Cameroun, le 22 février 2013 au Palais des Congrès de Yaoundé. Le Président de Psy Cause International avait fait le déplacement dans la capitale du Cameroun pour l’inauguration, le 24 février 2013, des locaux de la toute jeune association Psy Cause Cameroun fondée dans le cadre des nouveaux statuts votés lors de notre AG de septembre 2012. Trois entités nationales avaient été créées fin 2012 : deux sections internes à l’association Psy Cause International : Psy Cause France et Psy Cause Côte d’Ivoire ; une section/association de droit camerounais liée à Psy Cause International par convention, Psy Cause Cameroun. D’autres sections ont vu le jour par la suite.

 

Le 22 février 2013, Psy Cause Cameroun est associé à Yaoundé, par un stand, à la quatrième Conférence Internationale de Psychotraumatologie et de Médiation, par l’un des organisateurs, le Pr Raymond Tempier. C’est évidemment une excellente opportunité pour médiatiser auprès d’un nombreux public africain, la création de cette association Psy Cause camerounaise.

 

08-cathy-et-marie-jose-4-10-13Notre sixième occurrence d’un stand archivé est au Canada : le 4 octobre 2013 à l’Hôpital Montfort, Ottawa. Notre VIIIème congrès international, managé localement par le Pr Raymond Tempier, sur le thème des minorités culturelles, se déroule dans un établissement francophone emblématique de la communauté franco ontarienne. Cette dernière s’était mobilisée, avec de nombreux ontariens anglophones, dans les rues d’Ottawa pour en empêcher, avec succès, la fermeture décidée par la Province. Un « monument de la francophonie » raconte, à l’entrée de l’hôpital, la « bataille de Montfort ». Des professionnels québécois et même des amérindiens Mohawks ont fait le déplacement à notre congrès. C’est à l’occasion de cette manifestation scientifique que fut prise la décision de créer une section Psy Cause Canada, laquelle sera fondée à l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal, le 19 septembre 2015.

 

09-kyoto-19-10-14Notre septième occurrence d’un stand archivé est au Japon : le 19 octobre 2014 à Kyoto. Le Pr Shigeyoshi Okamoto n’avait, pour des raisons de santé, pu faire le déplacement deux années plus tôt jusqu’à Siem Reap. Spécialiste de la Thérapie de Morita, il a managé, dans sa ville qui est l’ancienne capitale impériale du Japon, notre IXème congrès international, en coordination avec deux psychiatres de Psy Cause volontaires. L’hôpital quasi centenaire spécialisé dans ce traitement inspiré du zen, fondé par un disciple de Morita en 1922, a décidé de fermer juste après notre passage. De ce fait, le Pr Shigeyoshi Okamoto a sublimé notre colloque en une émouvante cérémonie de clôture et a associé Psy Cause à un moment historique. Les communications du congrès, y compris japonaises, se sont déroulées en langue française. Les intervenants japonais nous ont bien évidemment présenté divers aspects de l’enseignement de Morita mais nous ont également parlé du statut de la femme médecin dans leur culture et de la psychanalyse lacanienne bien présente au Japon. Des liens suivis ont été établis qui se sont traduits par un numéro de la revue francophone Psy Cause sur le Japon publié en début d’année 2016.

 

10-stand-psy-causeNotre huitième occurrence d’un stand archivé est en Principauté de Monaco : le 9 octobre 2015 à l’Hôpital Princesse Grace. Ce projet a suscité un réel intérêt dans ce pays et le public monégasque est venu en nombre. L’événement est en fait assez inhabituel et nous avons eu un éventail très riche des pratiques de la psychiatrie monégasque. Réaliser un tel colloque Psy Cause dans l’amphithéâtre de cet établissement requiert l’accord de l’autorité princière et est un honneur. La Dr Valérie Aubin, chef du service de psychiatrie de la Principauté, a rendu possible la réussite de cette manifestation scientifique par son engagement sans faille dont nous la remercions. Comme nous remercions ceux des membres de notre revue/association qui ont fait le déplacement pour cet événement.

 

L’idée d’un congrès à Monaco s’intègre dans un projet plus large en Europe car la francophonie concerne également les proches voisins de la France.

 

11-kiosque-1-2-6-16Notre neuvième occurrence d’un stand Psy Cause archivé est au Québec : le 2 juin 2016 à Mont Tremblant. Il s’agit du stand de Psy Cause Canada au congrès des 50 ans de l’AMPQ (Association des Médecins Psychiatres du Québec). La section canadienne de Psy Cause International a établi un partenariat avec l’AMPQ dès sa fondation. Le 3 juin 2016, elle bénéficie d’un temps et d’une salle dans ce congrès pour un « bloc » Psy Cause. Ce kiosque est réalisé par une branche nationale de notre association, en toute autonomie puisque Psy Cause International est représenté par un administrateur de Montréal, le Pr François Borgeat (qui fut le président du comité scientifique du congrès d’Ottawa), dans un contexte AMPQ/Psy Cause Canada. Le kiosque s’adresse aux 600 psychiatres congressistes de l’AMPQ et tout particulièrement aux 400 inscrits au « bloc » du 3 juin. Ce kiosque est animé avec enthousiasme par les deux coordonateurs montréalais de notre section : les Drs Suzanne Lamarre et Marcel Hudon.

 

12-kiosque-2-2-6-16Le stand propose aux participants québécois intéressés par le bloc, de déposer leur adresse courriel pour recevoir nos informations et plus particulièrement un abonnement gratuit d’une année à la version PDF numérique de la revue Psy Cause. Une centaine de psychiatres font au stand cette demande, tout au long des trois journées de congrès. Le Dr Pierre Assalian, Président du comité de développement professionnel dans l’AMPQ et parrain du partenariat AMPQ/Psy Cause, a encouragé les congressistes à visiter le stand. Ainsi, en ce mois d’octobre 2016, une centaine de psychiatres québécois a eu la possibilité de lire notre N°71 dont les trois quarts ont été consacrés au Canada : en 13-synoptiquespremière partie un cahier franco ontarien et en seconde partie le « bloc » Psy Cause Canada à Mont Tremblant. Il existe en effet au niveau de l’organisation de la section Psy Cause Canada, des actions plus spécifiquement québécoises pilotées à Montréal et des actions plus spécifiquement ontariennes pilotées à Ottawa par le coordonnateur délégué pour l’Ontario, le Pr Raymond Tempier.

 

Il est important de noter que le partenariat Psy Cause Canada/AMPQ ne se résumera pas au congrès de Mont Tremblant. Les prochains congrès annuels de l’AMPQ se dérouleront de nouveau avec le principe du « bloc » Psy Cause Canada : en 2017 au Québec et probablement en 2018 en Corse. Par ailleurs une information a été donnée dans le kiosque sur notre congrès Psy Cause à Saint Laurent du Maroni (Guyane Française) et nous nous orientons vers un partenariat avec l’AMPQ sur ce projet programmé en mars 2017, articulant les composantes française et canadienne de Psy Cause. Ce qui se passe au Canada est un exemple de la dynamique francophone interactive au sein de l’ensemble Psy Cause, tant en Amérique que sur les autres continents (en Afrique Subsaharienne en particulier).

 

14-suze-la-rousse-1-7-16Notre dixième et plus récente occurrence d’un stand Psy Cause archivé est dans le sud de la France : les 1 et 2 juillet 2016 au château de Suze la Rousse. Nous avions été invités par le secrétaire général de l’association organisatrice du colloque « Qu’est ce que penser ? », le Dr Jean Louis Griguer, à présenter une information sur Psy Cause aux congressistes sous la forme d’un petit stand. À ces Sixièmes Rencontres de Suze la Rousse de l’Association Française de Psychiatrie, nous venons quelque part en voisins. Ce château est en effet situé à une dizaine de kilomètres de celui de Rochegude, lieu du rassemblement annuel de Psy Cause France en 2014, 2015 et 2016, managé pour Psy Cause par le Dr Jean Louis Griguer. Nous n’avons installé qu’une seule affiche, celle du colloque Rochegude III d’avril 2016. Notre déplacement à Suze la Rousse correspond à une visite de courtoisie.

 

Notre stand, dont la sobriété a été convenue sur place dans le respect de nos hôtes, a connu un réel intérêt et de nombreux professionnels ont découvert la revue, nos activités en langue française dans divers pays, et demandé à recevoir des informations. L’Association Française de Psychiatrie, fondée en 1979, co-édite une revue trimestrielle de psychiatrie (Psychiatrie Française) et une lettre d’information mensuelle. Il existe indéniablement une proximité entre l’AFP et Psy Cause, au delà de différences évidentes, en particulier quant aux objectifs : la Francophonie du côté de Psy Cause, l’action syndicale professionnelle avec le Syndicat des Psychiatres Français du côté de l’AFP.

 

15-suze-2-7-16Les membres de l’AFP sont majoritairement des psychiatres libéraux, mais aussi des psychiatres d’exercice public, et des universitaires qui ont contribué brillamment au haut niveau scientifique de ce colloque. Avec ce stand Psy Cause à Suze la Rousse, nous sommes, dix années plus tard, dans la même démarche qu’à Laragne : aller à la rencontre de professionnels qui pourraient se reconnaître dans notre action. Le document de présentation de l’Association Française de Psychiatrie remis à chaque congressiste à Suze la Rousse évoque « un lieu de confrontation et d’échanges d’idées et d’expériences, en rassemblant des acteurs de la psychiatrie ayant des positions théoriques et des modes d’exercice très variés, et en leur permettant de débattre à propos de leurs conceptions et de leurs pratiques. » Ce qui est proche de nos propres fondamentaux.

 

Le virtuel des réseaux sociaux numériques ne pourra jamais remplacer les rapports humains directs … fort heureusement. La pertinence de nos stands a donc encore de l’avenir.

 

Jean Paul Bossuat et Thierry Lavergne

 

 

 

 

 

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