Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Rencontres au congrès de santé mentale de novembre 2016 à Cotonou (Volet 1)

01-palais-des-congres-24-11-16Le directeur de la revue Psy Cause est l’invité du Département de Santé Mentale de l’université de Cotonou et de l’Association Béninoise de Psychiatrie lors du congrès de santé mentale des 22 au 24 novembre 2016 au palais des congrès de Cotonou (Bénin), lequel a pour thème « Sexualité, Culture et Maladie ». Rappelons que cette invitation avait été formulée six mois plus tôt au congrès franco-africain de santé mentale de Dakar par les Prs Grégoire Magloire Gansou, Président du comité d’organisation du congrès de Cotonou et directeur du CNHU Psychiatrique de Cotonou, et Josiane Ezin Houngbé, Chef du Département de Santé Mentale de l’université de Cotonou et Chef du service de psychiatrie du CNHU de Cotonou.

 

02-hommage-22-11-16Près de deux cent participants en majorité du Bénin mais aussi de pays de l’Afrique de l’Ouest ainsi que de Belgique et de France, ont fait le déplacement. La grande salle des plénières rend hommage, par une grande affiche, au Pr Mathieu Tognidé soudainement décédé en septembre 2015. Successeur du fondateur de la psychiatrie béninoise, le Pr René Gualbert Ahyi, le Pr Mathieu Tognidé fut un ardent partisan de la revue Psy Cause comme outil de publication scientifique en Afrique Subsaharienne, en particulier auprès du CAMES (Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur). Par son intermédiaire, la revue Psy Cause fut reconnue par cette instance africaine francophone comme validante pour le cursus universitaire. Nous lui avions rendu hommage dans notre N°70.

 

03-danse-22-11-16La cérémonie d’ouverture, ce 22 novembre 2016, s’effectue en présence de Monsieur le ministre de la santé du Bénin. Un groupe étudiant de danse nous introduit avec entrain dans la dimension culturelle de ce congrès qui sera présente tout au long des trois journées. Citons la communication du 23 novembre en plénière « La sexualité selon notre sagesse ancestrale », de Mr Gratien Ahouanmenou qui associait un « sorcier » dont un ancêtre fut adoubé au XVIIIème siècle par un roi d’Abomey, et une animatrice de radio en langue fon, qui fut un grand moment. La tradition interpelée par la modernité n’a également cessé d’être au cœur des interventions en plénière ou en ateliers. Citons la longue et très argumentée communication du Pr Lucien Hounkpatin, psychanalyste « orthodoxe » de la SPP, psychologue universitaire en France, qui annonce lors d’une plénière du 24 novembre : « Les mythes de fondation de certaines sociétés africaines ont instauré la sexualité dans une dynamique de fertilisation et de créativité. Pour ce faire, le corps est traité, humanisé par différents rituels qui le rendront sacré et qui permettront dans le même temps d’installer la personne dans les différents éléments qui constituent son identité. La modernité a favorisé la levée de certains tabous et de certaines inhibitions. » Le Pr Lucien Hounkpatin évoque, au travers d’un cas clinique, les tribulations « d’un corps éveillé à la sensorialité, à la sexualité sous l’influence de la modernité et de la mondialisation. » Cette communication s’est située au centre de la problématique développée dans ce congrès béninois de santé mentale.

 

04-ahyiLa première communication du colloque a rendu hommage à un « ancien » qui a fait la psychiatrie béninoise : le Pr René Gualbert Ahyi. Ce dernier ouvre les travaux par une intervention intitulée « Contribution à la reconnaissance de l’œdipe africain : cas du Bénin », qui fait référence à l’apport de l’Ecole de Dakar dans la fondation de la psychiatrie béninoise. Le Pr Momar Gueye de Dakar, qui communiquera ce même 22 novembre, est le modérateur de cette plénière inaugurale. Successeur du Pr Collomb, il ne cessera de soutenir la formation des psychiatres en Afrique Subsaharienne. Le rapporteur est le Pr Francis T Tognon, Maître de conférence agrégé de l’université de Parakou. Il fut, avec les Prs Ahyi et Tognidé, l’un des acteurs béninois majeurs du congrès de Psy Cause à Parakou en février 2008. La parole sera également donnée, le matin du 23 novembre, à la Pre Thérèse Agossou, pionnière de la pédopsychiatrie béninoise, sur le thème «  L’enfant au cœur d’un triple héritage ; quelques mesures envisagées dans le contexte béninois pour travailler à son bien être. »

 

05-pause-gansouLa première pause, en milieu de matinée de ce 22 novembre, est l’opportunité pour le directeur de la revue Psy Cause, de saluer des professionnels africains concernés par la revue Psy Cause. Bien évidemment en premier lieu le Pr Grégoire Magloire Gansou qui a porté une attention toute particulière à l’accueil du Dr Jean Paul Bossuat et de sa femme au sein du colloque. Ce dont nous le remercions chaleureusement. De même que nous remercions la Pre Josiane Ezin Houngbé. Au niveau de l’organisation du programme, une place particulière sera donnée en séance de clôture à notre revue à travers son directeur. Nous y reviendrons dans le second volet de cet exposé sur le congrès de santé mentale de Cotonou.

 

06-psychologuesEn second lieu, cette pause et divers moments au long des trois journées, ont permis des échanges informels avec des acteurs du second colloque de Psy Cause Togo à Lomé en septembre dernier. Les Togolais sont venus nombreux, en voisins, à Cotonou. Lors de la pause, nous rencontrons un petit groupe de psychologues togolais qui se sont impliqués à Lomé dans cette manifestation scientifique. Nous rencontrerons également par la suite en marge des conférences, le Pr Kolou Simliwa Dassa et le Dr Agbémélé Soédjé. Malheureusement la densité du programme scientifique ne permettra pas de rassembler, même brièvement, les acteurs togolais de Psy Cause afin de parler du projet de congrès international Psy Cause à Lomé en 2018. D’autant plus que le Dr Saliou Salifou, Président de Psy Cause Togo et prévu au programme du congrès de Cotonou, a été envoyé en mission par l’institution militaire dont il dépend. Nous avons pu cependant évoquer le bon déroulement du second colloque de Psy Cause Togo à Lomé en septembre dernier et la venue de la représentante de la direction de Psy Cause, la Dr Catherine Lesourd, qui a été très appréciée.

 

Nous avons également, à plusieurs reprises, rencontré le Dr Anselme Djidonou, auteur béninois de nombreux articles dans notre revue, en particulier d’un article sur le Sin Tun Tun, dispositif traditionnel de réinsertion du patient hospitalisé, dans le milieu familial élargi. Le Dr Anselme Djidonou nous a annoncé un texte sur l’actualisation de cette technique à paraître sur le site. Nous parlerons dans le second volet, des échanges sur le fonctionnement de la revue Psy Cause, en particulier avec le Pr ivoirien Jean Marie Yéo Ténéna.

 

07-quartierNous clôturons ce premier volet avec la seconde communication inaugurale du 22 novembre, de la Pr Josiane Ezin Houngbé, à savoir une enquête très originale qui a suscité un débat animé : « Cartographie des maisons de tolérance et des écoles à Godomey. » La Pr Josiane Ezin Houngbé écrit dans le livre des résumés : « La cartographie des maisons de tolérance et des écoles de Godomey a permis de répertorier les maisons de tolérance et écoles de Godomey. Cela nous a conduits à poser l’hypothèse selon laquelle les maisons de tolérance et écoles se rivalisent à Godomey. Ce qui donne l’impression de proposer une nouvelle culture d’adoption des auberges aux jeunes et aux apprenants en particulier en matière de sexualité. La présente étude a pris en compte 19 quartiers du chef-lieu d’arrondissement de Godomey. Elle a été réalisée selon les méthodes qualitative et quantitative. Un questionnaire d’enquête a été élaboré pour approcher les gérants des auberges et hôtels. Après le dépouillement et le traitement de ces données, il a été dénombré 36 auberges ou maisons de tolérance. Le constat le plus frappant est que certaines de ces auberges, sont très proches des établissements scolaires. 83% des établissements d’enseignement sont situés entre 1 et 150 mètres. De même, entre 21h et 23h, nous avons dénombré 35 couples qui sont venus dans l’une de ces auberges. Par ailleurs, il ressort de cette enquête que les filles de 10 à 17 ans constituent la principale cible. Ainsi, les promoteurs des maisons de tolérance ouvrent leurs portes à toutes les catégories de personnes même les jeunes pubères de 12 à 17 ans (44%). Cette pratique n’est pas sans conséquences sur ces jeunes. De plus, la multiplication de ces maisons qui désormais se situent au cœur de la ville semble ouvrir la porte à une nouvelle culture. »

 

À suivre …

 

Jean Paul Bossuat

 

 

 

 

 

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1 Commentaires

  1. Une belle découverte pour moi que cette revue et ce mouvement intellectuel qu’est Psy Cause. L’occasion de mieux cerner et connaître les aspects et approches de la psychiatrie en Afrique de l’Ouest et plus précisément au Bénin ou au Togo.