Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Rencontres au premier colloque franco-africain de santé mentale à Dakar (Volet 2)

Les deux journées de travaux des 10 et 11 mai 2016 sont denses et riches. Elles ont permis des rencontres précieuses qui ont enrichi notre réseau. Nous allons donc rendre compte de moments scientifiques que nous avons vécus et parler tout particulièrement de ces temps privilégiés pour notre revue.

 

À propos du programme scientifique

 

01-pleniereLa journée du 10 mai alterne des séances en plénière et des temps d’ateliers fonctionnant en parallèle. Quatre conférences de qualité se déroulent en plénière :

– une communication sur les femmes migrantes de l’Afrique Subsaharienne, par un anthropologue italien de Turin, le Pr Roberto Beneduce,

– une communication du Pr Drissa Koné (Côte d’Ivoire), sur la souffrance au féminin,

– une communication du Pr Arouna Ouédraogo (Burkina Faso), sur la gravidopuerpéralité en Afrique,

– une communication de la Pr Layla Sahab (Paris) sur l’adolescente devenant femme.

 

02-atelierHuit ateliers ont fonctionné ce 10 mai. L’un d’entre eux (atelier b3) est présidé par le directeur de la revue Psy Cause. Il a pour thème « Féminité et adolescence ». Les questions abordées nous ont incités au voyage : l’impact de la vulnérabilité migratoire sur les adolescentes enceintes nées ou vivant en France, la sexualité des adolescents vivant avec des troubles mentaux à Dakar, les ambigüités sexuelles à Dakar, la psychopathologie des grossesses et maternités précoces parmi les adolescents en situation difficile à Kinshasa, l’histoire d’une jeune fille forcée d’émigrer avec sa famille de Casablanca à Rome.

 

La journée du 11 mai comprend quatre ateliers en parallèle en début de matinée, deux conférences en plénière en fin de matinée ; le retour des ateliers, les conclusions et la cérémonie de clôture en après midi.

 

Le matin, nous avons fait le choix de l’atelier « Désintégration de la famille dans les zones de conflits armés ».

 

03bLa première communication a pour thème « Accompagnement psychologique et tentative de resocialisation d’un groupe de femmes victimes de mines antipersonnel par l’art thérapie. (Une expérience du Centre Psychiatrique Emile Badiane de Ziguinchor au Sénégal). » Le communicant est le Dr Adama Koundoul, psychiatre de cet établissement psychiatrique, passionné par les possibilités thérapeutiques de l’art thérapie. Il explique que, de 2011 à 2015, le Centre Psychiatrique Emile Badiane de Ziguinchor, l’association française d’art thérapie Bokam’Art et l’Association Sénégalaise des Victimes de Mines (ASVM) ont œuvré ensemble sur un projet d’accompagnement psychologique pour un groupe de femmes victimes des mines antipersonnel. La Casamance, cette région méridionale du Sénégal soumise depuis de nombreuses années à une rébellion endémique et séparée du reste du pays par une Gambie hostile, est parsemée de mines dans certaines zones. Une autre communication de l’atelier va par ailleurs traiter de violences sexuelles dans cette région de conflit.

 

Le Dr Adama Koundoul présente, photos à l’appui, un accompagnement qui a pris la forme d’un atelier d’art thérapie par les marionnettes. Cet espace de rencontre a permis aux participantes de se retrouver pour se soutenir, échanger, s’exprimer par la parole et par la créativité. Les journées d’atelier étaient relayées par le pôle d’accueil permanent constitué au siège de l’ASVM par les membres bénévoles de cette association. Ce travail avait comme objectifs de réduire les troubles relevant du stress post traumatique lié à l’accident de mine et de favoriser la redynamisation et la resocialisation des participantes. Il a permis aux intervenants de constater l’interdépendance qui existe entre les troubles psychologiques et les conditions de vie sociale des victimes.

 

Le directeur de la revue Psy Cause s’est, à la suite de cette communication, entretenu avec le Dr Adama Koundoul. Ce dernier est intéressé par la cellule de coordination « art, création et thérapie » pilotée au sein de Psy Cause par le Dr Thierry Lavergne.

 

Les autres communications de cet atelier du colloque franco africain sont des témoignages très poignants d’intervenants dans des zones de conflit armé où ont été pratiqués des viols collectifs : dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, à Bangui, dans l’est de la RD Congo. Le traumatisme est aggravé par l’opprobre culturelle à l’encontre de la femme violée.

 

04-PerouseNous terminons cette évocation du programme scientifique avec la dernière conférence réalisée en plénière par la présidente du comité scientifique, la Dr Marie Odile Pérouse de Montclos, pédopsychiatre chef de service à l’hôpital Sainte Anne, intitulée : « Confiage, Adoption et Don d’enfant ». Dans les sociétés dites traditionnelles, des pratiques de transferts d’enfants existent, inscrivant ces derniers dans une famille « élargie » où plusieurs « mères » et « pères » participent à l’élevage et l’éducation des enfants. La pratique du confiage ou de don voire d’adoption d’enfant s’inscrit alors dans ces sociétés dans une perspective culturelle où les transferts d’enfants visent à pérenniser la stabilité du groupe social et/ou à assurer un accompagnement groupal de l’enfant. Récemment, l’évolution sociétale aussi bien dans les cultures dites occidentales que dans les cultures dites traditionnelles a vu apparaître une nouvelle pratique de transferts d’enfants, l’adoption internationale. La communication de la Dr Marie Odile Pérouse de Montclos vise à réfléchir autour des points de vulnérabilité de l’inscription filiative de l’enfant dans ces contextes au regard de son parcours, de ses besoins affectifs et de sa construction identitaire.

 

L’après midi de clôture du colloque, avec en particulier la remise de distinctions par la ministre de la santé du Sénégal, fera l’objet de notre troisième volet.

 

Rencontres

 

Ces deux journées ont été une opportunité d’enrichir le réseau de Psy Cause. C’est ainsi que trois psychiatres rejoignent notre équipe rédactionnelle internationale francophone.

 

05-Ousmane-SallLa première rencontre est celle du Dr Ousmane Sall psychiatre et psychothérapeute à Nouakchott (Mauritanie). Nous n’avons plus de contact actif dans ce pays et lui même se déclare très intéressé par notre revue. Il est par ailleurs très engagé dans la cité en tant que président du Rotary Club Nouakchott Doyen. Ce qui crée un lien supplémentaire avec le directeur de la revue Psy Cause, lui même membre du Rotary Club Avignon Doyen. Le Dr Ousmane Sall présente son pays comme un pont entre le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne. Les attaches politiques le relient à l’Afrique du Nord mais une part importante de sa population a des appartenances ethniques communes avec le Sénégal. Le long du fleuve Sénégal, la Mauritanie est un état Subsaharien. Au nord, elle est un état Nord-africain.

 

 

 

 

 

06-AncoraLe second psychiatre à rejoindre l’équipe de la revue Psy Cause, est italien. Le Dr Alfredo Ancora est le dernier communicant de l’atelier présidé par le directeur de la revue Psy Cause. Il y a présenté la problématique d’une jeune migrante marocaine venue à Rome. Il est psychiatre et psychothérapeute à Rome, et enseigne à l’Université de Sienne. Il est très intéressé par la dimension sociale de la psychiatrie. Il maîtrise bien, de surcroit, la langue française. Sa candidature ne peut qu’être accueillie favorablement et renforce le groupe de nos rédacteurs de pays non francophones qui choisissent une revue internationale de langue française.

 

 

 

 

 

 

 

 

07-MouangaLe troisième psychiatre à rejoindre l’équipe de la revue Psy Cause, est le Dr Alain M Mouanga, chef du service de psychiatrie du CHU de Brazzaville (Congo). Il enseigne la psychiatrie à la Faculté des Sciences de la Santé à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville. Sa première urgence est l’accroissement du nombre de psychiatres dans son pays. Il était seul psychiatre à son arrivée, ils sont quatre à présent. Et il ne compte pas en rester là. Il est intéressé par la revue Psy Cause qui pourrait être à même de publier des articles mettant en valeur des pratiques soignantes au Congo. Nous avons évoqué des développements attendus pour Psy Cause à Kinshasa, de l’autre côté du fleuve. Il serait alors favorable à une synergie au niveau des échanges scientifiques entre les deux capitales qui pourrait être facilitée par Psy Cause.

 

À la fin du colloque, le Dr Alain Mouanga nous met en rapport avec la Dr Reine Ambourouet, psychiatre à Libreville (Gabon) dans une perspective de présence de Psy Cause au Gabon.

 

À suivre…

 

Jean Paul Bossuat

 

 

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous