Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Une approche de l’inconscient en Côte d’Ivoire

01-universite-abidjanUne étude originale nous vient de Côte d’Ivoire, en la personne d’une psychologue clinicienne, enseignant-chercheur dans le département de psychologie de l’Université Félix Houphouet Boigny, la Dr Yapi Lawrence, adressée à la revue Psy Cause par l’intermédiaire de notre secrétaire de rédaction à l’Afrique Subsaharienne, le Pr Y. Jean Marie Yéo Ténéna. Cette étude est intitulée : « Le trouble éjaculatoire précoce tuteur et révélateur d’un symptôme inconscient. »

 

Cette psychologue ivoirienne propose ici un article qui s’inscrit dans notre ligne éditoriale qui privilégie la théorie de la pratique. Elle démontre « que tout travail sexo-thérapeutique autour de la rééducation du périnée, de l’usage corporel de la musculature, de la notion de partage psychique des corps et du concept du don en dehors du coït-décharge-soulagement, ne peut aboutir si l’on ne discrimine pas l’ancrage affectif de la sexualité première, originale qui va vectoriser – hors accident de parcours – la sexualité future. » C’est à dire que la thérapie est vouée à l’échec sans prise en compte de l’inconscient.

 

L’écriture de cet auteur transpose un trouble de la sexualité masculine qui interpelle particulièrement dans le contexte africain ceux qui en sont atteints, en une description d’un être atteint dans sa globalité. La Dr Yapi Lawrence évoque « la question de la vidange du sujet » qu’elle place chez son patient au niveau d’une sexualité archaïque anale. Elle écrit que l’analyse d’un patient à la base de son travail, a montré une forte inclinaison pour « l’acquittement pulsionnel sur le versant sadique en vue de détruire un mauvais objet introjecté pour ne pas dire un mauvais objet « analisé ». Il va s’agir dès lors dans la brièveté du coït de jouir, d’un retour certain, inopiné et impromptu du refoulé, qui, à travers sa réminiscence, exécute tout un pan délictueux, réprouvé, sanctionné par une défense habituellement massive, le délicieux attrait – pour l’obsessionnel – de la souillure. »

 

02-Yapi-LawrenceLa Dr Yapi Lawrence se réfère à la sexoanalyse qui, dit-elle, « se résume sobrement comme l’étude de l’inconscient sexuel et ses manifestations. » Elle décrit ainsi sa technique de prise en charge du patient : « Nous avons procédé par entretien comme la psychologie clinique le requière. Dans le cadre psychothérapeutique deux dynamiques vont se succéder, puis s’alterner. Dans un premier temps, des entretiens sont conduits pour évaluer la problématique du patient et apporter un correctif sur l’imaginaire en terme de réassurance, réparation narcissique et revalorisation psycho-organique autour d’un objet symbolique; le phallus. Dans un deuxième temps, des exercices sexo-thérapeutiques sont proposés pour apprivoiser le déficit de maîtrise neurosensorielle autour de l’objet physique ; le pénis (plus particulièrement le gland). Enfin, sexothérapie et psychothérapie sont menées conjointement afin de lever les défenses et les résistances qui ne manquent pas de surgir contre les abréactions provoquées. »

 

Cet article à paraître dans la revue Psy Cause apporte un éclairage sur une application ivoirienne du corpus théorique de la psychanalyse et donc d’un travail thérapeutique prenant en compte la réalité de l’inconscient.

 

 

Jean Paul Bossuat

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