Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Journal du congrès d’Ottawa : carnet N°5

01-Michel-Tremblay-SSF-1.10.13Situé à une rue de Montfort Renaissance, au 291 rue Dalhousie, dans le cœur historique d’Ottawa, le siège confédéral de SSF (Société Santé en Français) est ce premier jour d’octobre 2013, l’objet de notre visite. Mr Michel Tremblay, directeur général de SSF, de retour de Colombie Britannique et du Yukon où il avait rendu visite à des communautés francophones reliées à son système de réseaux, nous reçoit en début de matinée. Il explique que SSF a pour but d’augmenter l’accès aux soins en Français dans toutes les Provinces du Canada où la langue française est minoritaire, c’est à dire dans l’ensemble de la Confédération canadienne sauf le Québec. SSF est financé par « la feuille de route sur les langues officielles ». Par langues officielles, il faut entendre le Français et l’Anglais. Selon les dernières statistiques, on recense 9 millions de francophones sur les 35 millions d’habitants du Canada. Ce qui représente tout de même plus d’un Canadien sur quatre (26%). Si l’on défalque les 6 millions et demi de francophones au Québec, cela fait 2,5 millions de francophones concernés par SSF. Le Québec est lui aussi concerné par cette feuille de route. Dans cette Province 1,5 million d’anglophones sont en situation minoritaire et bénéficient de l’équivalent anglophone de SSF.

 

SSF s’est organisé en réseaux qui créent des partenariats avec cinq types de partenaires :

– les autorités gouvernementales ou les décideurs politique (chaque Province a une large autonomie en matière de santé),

– les fournisseurs de services (hôpitaux, centres de santé…),

– les professionnels (médecins, psychologues, infirmiers…),

– les institutions d’enseignement qui forment les professionnels,

– les communautés.

SSF compte à ce jour 16 réseaux : 3 en Ontario, 3 au Nouveau Brunswick, et 1 dans chaque autre Province et Territoire hormis le Québec où, nous l’avons dit, le Français n’est pas une langue minoritaire.

 

La documentation qui nous est remise par SSF, précise le « concept d’offre active » qui postule que les services en français dans le secteur de la santé doivent être visibles, disponibles et facilement accessibles. L’offre active veut créer un climat dans lequel les gens se sentent à l’aise d’utiliser une langue officielle de leur choix. Mr Michel Tremblay ajoute que la santé mentale est une priorité de SSF, car les soins y gagnent en efficacité à être effectués dans la langue du patient. C’est beaucoup moins important, selon lui, pour un problème relevant de la cardiologie. D’autant plus que la notion de « santé mentale » va au delà du soin psychiatrique parce qu’elle inclut tout un travail de prévention, qu’il s’agisse de la prévention du suicide dans les écoles, ou de la prévention chez les « aînés ». « La langue en santé mentale est un outil de diagnostic et de traitement. »

 

02-Acadie-image-de-Nicolas-RaymondIl existe une volonté politique pour le bilinguisme en matière de soins, qui se traduit en terme de financement : « on nous donne de l’argent pour financer le réseautage et nous permettre d’aider au niveau des services. Nous disposons d’un fonds pour les ressources humaines et d’un fonds de recherche et d’évaluation, de transfert de connaissances ». SSF regarde l’avenir avec optimisme et observe que plusieurs des réseaux SSF « participent maintenant de façon active aux processus de planification de leur province/territoire et sont parties prenantes dans la mise en œuvre des plans d’action qui en découlent. C’est le cas notamment à l’Île du Prince Édouard, au Nouveau Brunswick, en Nouvelle Écosse, en Ontario, au Manitoba, en Alberta, en Colombie Britannique, au Yukon et au Nunavut. (…) Les instances provinciales et territoriales reconnaissent et valorisent de plus en plus la contribution des réseaux Santé en Français. »

 

Nous évoquons ensuite un partenariat possible entre Psy Cause et SSF. Mr Michel Tremblay pense à un Forum spécialisé pour les francophones hors Québec, une idée qui entrerait dans le cadre du « transfert de connaissances », l’un des objectifs de son organisation. Nous parlons également d’une diffusion de la revue Psy Cause au sein des réseaux. Et Mr Michel Tremblay approuve l’initiative d’organiser un congrès sur les minorités à l’Hôpital Montfort, comme il approuve l’idée de créer un groupe Psy Cause Canada qui s’adresse aux professionnels francophones de tout le Canada.

 

03-Barbara-Pierre-Janet-2.10.13Ce 2 octobre, nous retournons à l’Hôpital Pierre Janet (Gatineau) pour y retrouver Mme Barbara Léger, la sympathique adjointe administrative de la clinique externe qui a assuré le relai pour la réservation d’une salle de réunion le samedi après midi. Nous aurons à notre disposition la « Salle Jeanne d’Arc Charlebois » : voilà qui est de bon augure pour une réunion en vue de mettre en place un groupe canadien de Psy Cause ! En effet, le congrès Psy Cause à l’Hôpital Montfort devrait être le point de départ d’une dynamique autonome canadienne francophone au sein d’un fonctionnement associatif fédératif soutenant la revue internationale francophone Psy Cause. L’idée du réseautage, mise en œuvre par SSF, représenterait assez bien ce qu’est Psy Cause. Rappelons qu’au Cambodge, à Siem Reap lors de notre congrès de novembre 2012, le Pr Raymond Tempier avait explicité le concept de « mouvement » structuré sur le modèle d’une fédération entre des réseaux constitués dans divers pays.

 

04-Pierre-Janet-2.10.13À l’Hôpital Pierre Janet, la Dre Samia Attia Galand avait accepté, en mars dernier, de coordonner la participation de professionnels de son établissement à notre congrès d’Ottawa « Minorités culturelles et Santé mentale ». Une intervention pluridisciplinaire de professionnels de l’Hôpital Pierre Janet, où une large information a été diffusée, se déroulera à l’Hôpital Montfort le samedi matin. Dès le départ de notre projet de congrès, nous avions envisagé une collaboration privilégiée entre les professionnels de deux hôpitaux francophones concernés par la santé mentale et situés sur les deux rives de la Rivière des Outaouais. Par l’engagement de la Dre Samia Attia Galand, le projet de départ est devenu une réalité.

 

En fin d’après midi le groupe des psychiatres français arrive à l’hôtel Four Points, fatigué du long voyage mais enchanté de pouvoir flâner au bord de la Rivière des Outaouais en vue du Parlement, par un magnifique soleil.

 

Jean Paul Bossuat

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous