Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

« Le travail de la série en art-thérapie » : un article universitaire français publié dans la revue Psy Cause N°77

Cet article nous a été adressé dans le contexte des suites de notre participation au congrès de l’école d’art-thérapie d’Avignon (IRFAT), les 5 et 6 mai 2018. Psy Cause était partenaire de l’événement, en particulier du fait de l’engagement du Dr Thierry Lavergne alors directeur de la cellule d’art-thérapie de Psy Cause. Notre stand a connu un réel succès et a permis, entre autre, de dialoguer avec Dominique Sens, un psychologue qui anime à La Sorbonne un master d’art-thérapie. L’auteure de l’article que nous venons de publier, Mme Flavie Beuvin, a été l’une de ses élèves et son travail est une recherche réalisée dans le cadre de ce master.

Certes, en cette année 2019, le Dr Thierry Lavergne s’est retiré de notre revue avec le projet de se consacrer désormais à la mise en forme d’un mouvement intégrant, entre autre, le champ de l’art thérapie, et proposant un site spécifique, qui couvrirait l’actualité des psychothérapies et ouvrirait un espace de publications. Toujours administrateur de Psy Cause International, il a laissé cependant entendre que ce qu’il envisage de mettre en place pourrait, dans l’avenir, être intégré dans Psy Cause International sous la forme d’une section thématique conventionnée. Le Dr Thierry Lavergne pourrait ainsi continuer à enrichir l’ensemble Psy Cause de sa sensibilité pour l’art dans le soin. Tous nos vœux de réussite l’accompagnent dans son projet.

Quoiqu’il en soit, la revue Psy Cause est disposée à un partenariat avec Mr Dominique Sens pour publier d’autres travaux universitaires sur l’art-thérapie susceptibles, comme celui ci, de contribuer utilement aux échanges de savoirs et d’expériences mis en commun de par le monde auprès de nos lecteurs. 

Mme Flavie Beuvin, art-thérapeute en milieu hospitalier, exerce à l’hôpital de jour ESM-MGEN de Rouen. Le titre complet de sa publication est : « Le travail de la série en art-thérapie : linéarité picturale et continuité de soi ». 

Le travail en série, nous explique l’auteure, c’est « la répétition qu’implique la création renouvelée d’un motif récurrent. » Appréhender la série en peinture n’est pas envisageable, selon elle, « sans lui associer le travail de Monet dont on connaît la diversité des meules et des cathédrales. » « Monet a fait de son œuvre un monument sacré intemporel, une histoire toujours répétée mais jamais la même. »

L’auteure fait référence à la vision de Freud dans « Au delà du principe du plaisir » : « pour le psychanalyste, tout ce qui est, vit, existe pour mourir. Tout être vivant est de n’avoir pas été jusqu’à sa naissance et de ne bientôt plus être après sa mort. La compulsion de répétition vibre à l’intérieur de ce parcours de vie linéaire mais pourtant cyclique et le principe de plaisir naît de cette jouissance d’une répétition morbide qui anesthésieautant qu’elle fait tenir. »

Mme Flavie Beuvin met en rapport le travail en série avec la répétition : il nous fait appréhender, dit elle, « une autre problématique intéressante en ce qui concerne la symptomatologie du sujet psychotique, celle de la répétition. En effet, créer une série, c’est créer au moins deux objets sinon semblables dans la facture, rejouant finalement des éléments plastiques similaires qui permettent de les réunir sous ce terme de « série ». » La répétition, selon la psychanalyse, consiste à reproduire dans des actes conscients, une motivation inconsciente source de malheur. La création artistique en série déplace la répétition dans un nouveau champ. « Fixée et initiée par le patient, cette répétition qui tourne à vide devient déclinaison, riche de ses écarts et de ses nouveautés jaillissant des origines, traces subsistances de ce qui a été et qui désormais se présentent autrement. L’acte de création en série permet donc d’abord de pallier l’absence de projet : un futur surgi, déjà déterminé par un passé voué à être répété mais de manière transformée, recréée. »

L’auteure voit donc dans la production picturale sérielle une opportunité pour l’art-thérapeute d’une mise en récit du soi du patient. « La série est une mise en attente d’un mystère qui tente de s’éclairer par lui-même et dont la résolution est soutenue par les résonances que chaque individu peut trouver en lui. Le travail en série serait cette possible métaphore picturale d’une unité du Moi en construction et opérant en acte. » En particulier, pour le patient psychotique, « le travail en série est une manière de déplier le rythme circulaire propre à la psychose, en instaurant un début et une fin qui ne soient pas un retour perpétuel à l’origine mais une variante définitive et fixée de cette origine. »

Jean Paul Bossuat

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